1. Un oral délicat


    Datte: 28/11/2018, Catégories: fh, hplusag, jeunes, inconnu, profélève, caférestau, noculotte, occasion, f+prof, Auteur: Elodie S, Source: Revebebe

    ... Pourtant, il ne porte pas d’alliance. Ses mains sont longues et fines, presque des mains de pianiste.
    
    Monexamen s’interrompt, car il relève d’un coup la tête, rattrapant je ne sais trop comment ses lunettes emportées dans l’élan. Il me regarde de ses yeux étrangement ocre jaune, j’y lis une lueur d’amusement. Il me dévisage avec soin. Pour la première fois depuis dix minutes, j’ai le sentiment d’exister pour lui. Son regard se fait plus lourd lorsqu’il descend sur mon décolleté soigneusement négligé. Je sens ses yeux y plonger sans vergogne, alors qu’un sourire charmeur flotte sur ses lèvres épaisses. Il me lance :
    
    — Donc, Mademoiselle, vous ne croyez pas que les plaisirs de l’esprit soient différents de ceux du corps ?
    — Heu, ce n’est pas tout à fait ce que je pense. Je crois que les plaisirs de l’esprit se traduisent par une réaction dans mon corps.
    — Ah bon, et devant un chef-d’œuvre pictural, comment cela se traduit-il ?
    — J’ai des frissons, mes yeux brillent, les pores de ma peau s’ouvrent.
    
    Il accentue son sourire et me glisse, me regardant droit dans les yeux :
    
    — Vous êtes une sensuelle, Mademoiselle !
    
    Il se replonge dans mon exposé. J’ai presque réussi à soutenir ses yeux dorés. Je me rends compte que nous nous livrons une sorte de duel, ou plutôt que je suis comme une souris avec laquelle s’amuse un gros matou. Enfin, la ride de lassitude qui lui barrait le front a disparu, ce qui est plutôt bon signe pour moi…
    
    Brusquement, il se lève et, se ...
    ... penche vers moi - ce qui doit élargir nécessairement la perspective qu’il a de ma poitrine - et m’interpelle :
    
    — Vous vivez avec un homme, vous avez un fiancé ?
    
    La question est aussi inattendue qu’abrupte. Elle me fait chanceler un instant, je trouve une parade :
    
    — Mes études ne me permettent guère d’avoir une relation suivie avec un homme.
    
    Ce n’est pas tout à fait un mensonge, j’ai pas malzappé cette année, petite provinciale découvrant, loin de sa famille, les joies de la vie estudiantine à Paris.
    
    — Bon, imaginons que vous éprouviez un sentiment pour quelqu’un, cela est du plaisir/sentiment, non ?
    — Mais je n’imagine pas avoir des sentiments pour un homme sans avoir envie que cela se traduise par une relation physique et charnelle, Monsieur !
    — Et alors ?
    — Ce désir se manifeste concrètement sur certaines parties de mon corps…
    
    Ai-je été trop loin ? Il accuse le coup, mais me rétorque :
    
    — Et pour une fille, un parent ?
    — Sans être de l’autre bord aussi, je me sens bien avec mes amies, dis-je en épelant distinctement lee de amies. Avant de les retrouver, je ris et suis joyeuse, mon rythme cardiaque augmente.
    
    Il se lève, marche jusqu’à la porte, l’ouvre, scrute le couloir, la referme, rejoint son bureau. Je ne suis pas satisfaite de ma réponse, je sens que je peux me fairedescendre sur cette répartie. Après un silence que je trouve bien trop long, il susurre d’un ton poncif :
    
    — Il eût été fort regrettable que vous fussiezexclusivement de l’autre bord, ...
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