1. Aïcha (1)


    Datte: 22/11/2018, Catégories: Divers, Auteur: balista, Source: Xstory

    ... comment je vois la situation.
    
    — Tout d’abord, j’entends que vous ne parlez que difficilement le français, dès que vous ne comprenez pas, dites-moi.
    
    — Oui, je prenais des cours avant d’accoucher, mais pas longtemps, j’ai mes cahiers ici.
    
    — Je vous aiderai dans la mesure du possible, mais voilà comment je vois la chose. Tant que vous êtes chez moi, comme l’a dit la puéricultrice, évitez de sortir pour des raisons évidentes de sécurité. Il n’y a pas que les Afghans qui peuvent être méchants avec une femme seule, et le port d’un voile qui cache le visage n’est pas très bien supporté ici. On a aussi nos talibans et ayatollahs, presque aussi intolérants ; si vous devez sortir, vous me le faites savoir et je vous accompagnerai. Cela me fait penser qu’il faudra que je change la poussette pour en acheter une avec deux places...
    
    Comme tout travail mérite son salaire, je vous paierai 2000 Fr. nets par mois, et je prends à ma charge le reste.
    
    Encore une chose ; demain, je vais vous acheter un téléphone portable pour pouvoir m’atteindre à tout moment, d’une part, pour me dire ce qu’il faut pour achat et en cas de problème. Je préfère vous en fournir un et vous éviter de vous servir du vôtre, il est possible de savoir où se trouve une personne avec son téléphone portable.
    
    Cela vous convient-il ? Je ne sais si cela est conforme, pour le téléphone, c’est bien, je vais sortir la carte de manière qu’on ne sache pas que ce téléphone soit ici.
    
    — Mais c’est trop. Je n’ai ...
    ... pas besoin d’autant.
    
    — Les habits, les souliers, etc. cela n’est pas gratuit. Enfin, on verra si c’est OK avec la puéricultrice.
    
    Le lendemain, la puéricultrice s’amène avec une autre dame, assistante sociale.
    
    Là, celle-ci commence à inspecter si l’appartement convient, elle fait une remarque que la porte de la chambre de la nourrice doit avoir une serrure et une clé et qu’il devrait y avoir deux toilettes. Heureusement que la puéricultrice s’en mêle, sinon, je crois que j’aurai pété un plomb.
    
    — Ecoute Lucette3, ne fout pas tout en l’air avec des règlements à la con. Elle a besoin d’un toit, de protection, et elle a un enfant sur les bras, pratiquement sans moyen, et lui se retrouve avec un enfant en très bas âge sans maman avec un grand appartement et tout ce qu’il faut à part ces détails qui ne sont pas indispensables. C’est une situation où tout le monde y gagne, et tu voudrais que tout le monde y perde ?
    
    — Tu as raison, surtout qu’avec son métier d’ingénieur, je connais cela, cela demande de la présence et c’est un homme très honorable.
    
    Là, elle s’avance vraiment, car elle ne me connaît pas du tout, mais c’est vrai que je jouis d’une bonne réputation.
    
    A ce moment-là, je me permets d’avancer ma proposition de rétribution.
    
    — Vous allez dire que j’exagère, mais c’est trop, c’est largement en dessus des normes syndicales.
    
    — Je ne savais pas que les réfugiés avaient déjà formé un syndicat, on n’arrête pas le progrès.
    
    — Non, c’est vis-à-vis des aides ...
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