1. Galatée


    Datte: 18/11/2018, Catégories: fh, hplusag, inconnu, telnet, amour, volupté, nopéné, fantastiqu, Auteur: Nono, Source: Revebebe

    ... entre prévenance et vénération. Quelques instants d’intimité, puis il la redresse sur son socle, lui rendant sa prestance altière, sa cape et ses bijoux et lui promet de revenir le lendemain.
    
    * * *
    
    Ce soir, plus que les autres soirs, il est d’humeur joyeuse. Par hasard, il vient d’apprendre en lisant Ovide que ce 23 avril, c’est la fête de Vénus et des Vinalia. (4)
    
    Belle occasion d’arroser la naissance de Galatée, fille de Vénus. Et le Frascati qui dort dans sa cave ne pouvait pas mieux tomber (5). Verre après verre, il chantonne, esquisse un pas de valse, part grignoter un morceau, revient, repart…
    
    — Bonne nuit, ma chérie, glisse-t-il en même temps qu’il lui vole un baiser sur les lèvres.
    
    Puis il s’enfuit vers l’ordinateur, un peu étonné, tout de même. Étonné par la hardiesse de ses mots, mais surtout, ce soir, il a vraiment eu l’impression qu’elle lui rendait son baiser.
    
    Allons, tu divagues, s’entend-il dire, c’est le Frascati, voilà tout !
    
    Son humeur joyeuse en prend un coup, sa méridionale Galatée n’est pas en ligne, ce soir.
    
    Il se demande si elle n’est pas un peu jalouse, car depuis quelques jours, les messages se font plus rares.
    
    Mais non, tu divagues encore ! Simplement, elle a vingt-quatre ans, elle a d’autres rêves que toi, et d’autres atouts, aussi ! Elle est tout bonnement partie faire la fête avec les potes de son âge, mon pauvre vieux.
    
    Ce n’est sans doute pas faux ! Mais cette hypothèse le contrarie un peu quand même !
    
    Il pensait ...
    ... qu’une bonne douche le dégriserait, elle ne fait que le rendre plus réaliste.
    
    — Tu n’es qu’un vieux fou, tout juste bon à t’enivrer doucement devant une statue, se sermonne-t-il en enfilant son peignoir. Si belle qu’elle soit, ce n’est qu’une statue.
    — Oui, mais elle, au moins, elle m’attend, se répond-il en retournant à son atelier.
    
    * * *
    
    Allongé sur la couche qu’il a aménagée à même le sol, il ne cesse d’admirer sa création.
    
    Et, gorgée après gorgée, laisse la douce inconscience l’envahir à nouveau. Que c’est bon, cet état second ! Plus on perd conscience, plus l’imagination est en éveil et moins on discerne la limite entre la réalité, le désir, les souvenirs.
    
    A la lueur des bougies qu’il a apportées hier, il trouve son œuvre encore plus vivante. L’éclat de ses yeux le fascine…
    
    L’éclat ! Comment a-t-il pu rendre cette impression d’humidité rien qu’en polissant le bois ?… Que manque-t-il pour que l’illusion de vie soit parfaite ? Il se le demande encore plus, en voyant la poitrine se gonfler sous la cape.
    
    Hein ?…
    
    Mais non, ce n’est pas possible !
    
    Malgré son état, il garde un soupçon de bon sens… et d’ironie à son égard.
    
    — Bien sûr, mon vieux, elle respire ! Et dans cinq minutes, c’est elle qui viendra te servir à boire, c’est ça ? Pour le cas où tu ne serais pas assez cuit, sans doute !
    
    Pourtant, il jurerait que… Mais bon, puisque lui-même n’arrive pas à y croire ! Il s’amuse de ce dialogue intérieur, où il semble spectateur, et où conscience ...
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