1. Galatée


    Datte: 18/11/2018, Catégories: fh, hplusag, inconnu, telnet, amour, volupté, nopéné, fantastiqu, Auteur: Nono, Source: Revebebe

    ... ne peut qu’avoir eu envie de sa chemise. Ne sourit-elle pas d’ailleurs un peu plus ?
    
    Tu tournes fada, mon vieux, se dit-il un instant.
    
    Mais il s’en fout de paraître stupide et se colle à elle avec tendresse. Sa main glisse sous la chemise, entoure un sein, le palpe comme si c’était la première fois. Pour lui, c’est bien la première fois, la première fois qu’il la touche comme une femme, pas comme un objet, si magnifique soit-il. Il a la fièvre, et les gouttes de sueur coulent de son torse rugueux à son torse lisse, renforçant l’impression de vie dans ce corps blond. Les yeux fermés, il l’enlace, il la caresse.
    
    Les frissons qu’il ressent, ne venaient-ils pas d’elle ? Doute singulier, mais il ne veut pas de réponse, il ne veut que vivre cette émotion qui le délivre de trop d’années de noirceur.Carpe diem !
    
    — Je t’aime.
    
    Allons bon ! Lui qui se croyait à l’abri, en sublimant la créature de Dieu, il se découvre tombant amoureux.
    
    Oh, il n’a pas osé dire « je t’aime, Galatée » et il se demande même si dans sa déclaration, il n’y avait pas un peu de « je t’aime, Christine ». Mais non ! Car ce n’est ni Galatée, si jeune et si lointaine, ni Christine si absente et si présente, qu’il serre dans ses bras. Ce n’est même pas une statue, c’est une femme, simplement. Il aime une femme, telle qu’il avait cru ne plus en aimer jamais, la femme idéale, la femme rêvée.
    
    Il se met à fredonner une chanson maintenant ancienne : Il cherchait la carte qui est si délirante / ...
    ... Qu’il n’aura plus jamais besoin d’une autre. (1)
    
    Lui non plus n’en voudra jamais d’autre, il a trouvé, non, il a créé la femme parfaite, celle dont tous les hommes rêvent.
    
    Au risque de paraître immodeste, il reconnaît qu’il a atteint un sommet. Plus que le résultat lui-même, c’est le fait que même à ses yeux, la technique disparaît, rendant l’œuvre encore plus obsédante. Oui, c’est cela, on ne voit plus l’art, on ne voit plus que le beau. L’esthète qu’il est frémit. Se peut-il qu’il ait achevé la quête de tout artiste, le moment où, comme l’écrivait Ovide, l’art se dissimule derrière l’œuvre à force d’art ? (2)
    
    Il pourrait se prendre pour Dieu s’il n’était pas aussi impie. Mais Dieu et ses calembredaines, ce sera pour les autres, lui, pour l’heure, se délecte de cette peau collée à la sienne et qui sent si bon.
    
    — J’aime tes parfums de sous-bois, tes essences boisées, murmure-t-il, en s’amusant de sa plaisanterie.
    
    Le ton est badin, mais l’homme ne l’est pas tant que ça. Son visage qui s’enfouit dans le cou, ses lèvres qui courent sur la peau à la recherche de vie, et qui semblent la trouver, ses mains qui courent et s’affolent, trahissent un trouble grandissant.
    
    — On n’est pas de bois ! pourrait-il ajouter, s’il avait encore l’esprit ludique.
    
    C’est sûr que la réaction très mâle qu’il laisse apparaître ne laisse guère de place au jeu. Il en a presque honte quand il se découvre bandant comme un furieux contre le ventre ligneux et ses belles courbes presque ...
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