Appât pas à pas - Histoires de Sexe

Appât pas à pas

... à distance, d’où le choc… se trouver face à un ange déchu.

C’était tout simple, et très plausible. Cela pouvait même être une raison de la collision finale entre le juge et Marie-Claire. Celui-ci avait pu sélectionner sur Internet une prostituée sur une description, ou peut-être même une photo partielle, qui lui rappelait la femme qu’il admirait à distance. Après un moment de réflexion Marc reprit, beau joueur.

— Bien trouvé… au moins un mystère résolu. Dommage, votre idée de craquer les bases de données de la DDASS me plaisait bien. Il faudra que je m’y attelle un jour.

L’expression de Mathilde vira vers quelque chose de mi-dégoûté, mi-dubitatif. Elle avait l’air de se demander si, à son tour, il la faisait marcher, en craignant fort que non.

Sa curiosité finalement satisfaite, Marc regardait l’écran plat – désespérément plat. Combien de temps allaient-ils attendre ? Il essaya de se projeter vers la suite des événements.

— En fonction de sa réaction, nous allons voir s’il est possible de raccourcir la durée de l’échange au maximum. Idéalement, nous allons travailler à partir du récit que j’ai préparé pour décrire la motivation particulière de MLF.
— Vous l’avez complété ?
— Non, en fait je comptais travailler dessus ce soir. Si l’on regarde les heures des messages de Klein à Marie-Claire ils peuvent venir à n’importe quelle heure, jour, soirée ou nuit Il est très rare qu’il ait mis plus d’une demi-journée à répondre, mais tout aussi rare qu’il ait répondu ...

... immédiatement. Le temps risque de nous sembler long. Vous aviez prévu de faire quelque chose dans la soirée ?
— J’ai prévenu que je rentrerai tard, ce n’est pas un problème.

Marc se demanda comment elle faisait, avec sa fille de quelques mois. Il était loin d’être rare qu’elle travaille bien au-delà de son service, et cela avait peu changé depuis son retour de congé. Il savait qu’à l’opposé de la plupart des membres de la brigade, qui habitaient un bâtiment situé dans l’enceinte même de la Gendarmerie, elle vivait dans une maison de famille proche de la ville, dont elle était originaire. Sans doute avait-elle à disposition une solide structure familiale qui lui apportait toute l’aide nécessaire.

— Rentrez chez vous. Ce n’est pas un problème pour moi, je vais travailler sur le personnage et son histoire. Je surveillerai s’il répond, si ce n’est pas trop tard je vous préviens et on fait un point par téléphone, sinon nous verrons demain. Ne pas répondre immédiatement à ses messages est plus réaliste, chacun a ses contraintes, même MLF, qui, je vous le rappelle, a la même famille que vous.

Mathilde avait l’air réticent, mais finit par accepter.

— À demain, huit heures, alors, ou ce soir par téléphone.
— Je vous préviendrai s’il y a quelque chose d’imprévu. Si vous voulez, profitez de la soirée pour regarder le film de « Belle de Jour », j’ai amené le DVD. C’est moins bien que lire le livre, mais quand même intéressant. Et puis cela demande moins d’efforts après une ...