Appât pas à pas - Histoires de Sexe

Appât pas à pas

... beau-père. Après, dans les archives de la DDASS, il y a les résultats d’enquêtes… l’accusation de viol n’a pas été prouvée, au bout du compte c’est la gamine qui a été éloignée, et mise en pensionnats religieux successifs jusqu’à sa majorité. Et devinez qui est le juge qui prit les décisions ? Eh bien, un certain Fréval, qui était juge des enfants à l’époque. Il était très jeune, l’affaire a dû le marquer… des décisions très difficiles à prendre, qui est coupable, qui ment, qui dit la vérité, comment gérer une situation familiale devenue impossible ? En la retrouvant prostituée presque vingt ans plus tard, il a pris un bon coup au moral. Culpabilité innommable, comme vous dites…

Marc était stupéfait. L’explication apportait un éclairage très important aussi bien sur le juge que sur les motivations conscientes ou inconscientes de leur témoin. Mais l’avoir trouvée aussi vite semblait miraculeux.

— Comment avez-vous fait pour avoir toute cette information en si peu de temps ? Il faut des semaines et une tonne de paperasses pour obtenir les dossiers concernant des mineurs.
— Eh bien, j’ai appliqué les méthodes que vous nous avez apprises, et avec l’aide d’un cheval de Troie, j’ai trouvé un point faible dans le système de la DDASS. Il faut savoir être efficace quand on veut réussir une mission.

Marc la regarda d’un air dubitatif. Mathilde n’était pas la plus douée de ses élèves en matière de piratage informatique, non par manque d’intelligence, mais par réticence éthique ...

... et juridique. De plus elle avait un air étonnamment réjoui, s’expliquait-il par sa réussite dans son enquête éclair ? Puis il se rappela quelque chose.

— Dites-donc, je n’ai jamais vu nulle part que les parents de Marie-Claire avaient divorcé, il sort d’où, ce beau-père ?

Mathilde sourit largement.

— Eh bien, vous avez mis le temps… Cette explication vous plaisait bien, n’est-ce-pas ? Moi aussi, je peux inventer des histoires. Marie-Claire est rentrée à Ste-Marthe en maternelle comme tout le monde, sa mère est veuve mais pas remariée, je n’ai aucune idée du passé de Fréval comme juge, et craquer les systèmes informatiques de services officiels n’est pas mon truc.
— Donc, vous n’avez en fait aucune idée du lien avec Fréval ?
— Ah mais si ! Mais ce n’est pas du tout une explication psycho-tordue comme vous les aimez. En vérifiant les éléments de base, nom-profession-âge-situation de famille-adresse, je n’ai pas eu à aller plus loin que l’adresse. Le juge habite un appartement juste en face de l’école Ste-Marthe. Vue imprenable sur le trottoir d’en face et la porte d’entrée, plongeante sur la cour de récréation. Marie-Claire y travaille depuis cinq ans, il a donc eu amplement l’occasion de la voir entrer et sortir, peut-être aussi aux récréations certains jours. J’extrapole un peu, mais on peut dire sans risque que la silhouette de la jolie petite institutrice a dû attirer son œil plus d’une fois… Le juge est divorcé, au fait. Peut-être a-t-il développé un sentiment, ...