Appât pas à pas - Histoires de Sexe

Appât pas à pas

... pense que, mettez « je suis sûre que ». On ne flatte jamais assez un ego masculin, même si c’est énorme, ça passe…

Marc, dont l’ego comportait de nombreuses strates, était plus sceptique sur ce point, mais décida de faire confiance à Mathilde. Après tout, Klein avait bien cru, et à raison, Marie-Claire quand celle-ci avait accepté son contrat de soumission les yeux fermés.

— Peut-être faudrait-il mentionner que, d’une part, je ne mesure qu’un mètre soixante, et, euh… que je n’ai pas exactement une silhouette pulpeuse… Pas comme Marie-Claire, en tout cas.
— Pardon ? Elle est très bien votre silhouette. Et vous faites trois centimètres de moins que Marie-Claire, ce n’est pas énorme. On laisse comme ça…

Marc signa : Mathilde.

— Vous donnez mon vrai prénom ?
— Pourquoi pas ? Il est courant dans votre génération, et cela évitera le risque de vous couper. Pour la différencier de vous, je propose que nous lui donnions un nom entre nous. Que diriez-vous de MLF, pour Mathilde La Fantasmeuse ?

Mathilde eut un demi-sourire un peu contraint.

— Va pour MLF…

Marc envoya le message. En attendant une éventuelle réponse, ils pouvaient maintenant souffler un peu. Il se rappela un point qui continuait à l’intriguer.

— Vous ne m’avez pas dit pourquoi le juge Fréval s’intéressait tant à notre témoin… Laissez-moi deviner… Il y a eu un sombre cocufiage il y a trente ans, et le juge est le vrai père de Marie-Claire ? Il a eu le choc de sa vie en la voyant débarquer ...

... dans sa chambre d’hôtel, un sentiment de culpabilité innommable de ne pas s’être occupé d’elle, d’où sa haine implacable pour Klein, et son souci de protéger sa fifille ?

Pour une fois, la tentative d’humour de Marc ne lui fut pas renvoyée en pleine figure. Mathilde sembla même se détendre un peu, lui rappeler un point soulignant ses qualités d’enquêtrice était une bonne idée.

— Selon l’état-civil des deux parties, cela voudrait dire que le juge avait seize ans au moment du cocufiage. Cela me paraît peu probable…

Elle a quand même vérifié l’état-civil du juge, pensa Marc. Et quoi d’autre ? Pas grand-chose ne l’arrêtait quand elle avait un but, lancer une petite enquête privée sur un juge et ami de son chef direct n’était pas un problème pourP’tit’Bull. Intrigué, il était suspendu aux lèvres de Mathilde, qui s’en aperçut, et sourit, même si c’était en demi-teinte – un événement assez rare pour être remarquable.

— Vous avez vu comme moi que Marie-Claire est entrée à onze ans à Ste-Marthe, ce qui est inhabituellement tard, la plupart des élèves y sont depuis la maternelle. Donc, que s’est-il passé à ce moment-là ?
— Bonne question, pensa Marc, qui ne se rappelait pas du tout ce point. Elle l’avait surpassée dans son attention aux détails, avait-elle mis le doigt sur quelque chose d’important ?

Mathilde le regardait :

— En fouillant un peu dans les mains courantes des commissariats, j’ai trouvé une fugue de notre futur témoin… une plainte pour viol contre son ...