Rêve d'amour - Histoires de Sexe

Rêve d'amour

... siècles à Adrien ! Il se sentait fébrile, mais aussi en colère contre lui-même : pleinement conscient de l’ineptie d’une telle idée, il était sûr pourtant que Jérôme, comme il l’avait annoncé dans le train, allait lui rendre visite. Il l’attendait tout en se refusant à l’admettre. Après le dîner, n’y tenant plus, indifférent à son propre jugement, il chassa volontairement et définitivement le peu de raison qui lui restait. Il se vêtit comme pour un rendez-vous galant, jean moulant, chemise ouverte ; dans le miroir, tandis qu’il arrangeait sa coiffure, il se trouva séduisant.

— Tu as de la chance, Jérôme, murmura-t-il avant d’ajouter en souriant : et moi encore plus.

Il disposa encore, sur la table basse de la chambre, quelques bouteilles, des verres, des biscuits apéritifs. Dix heures trente. Il se servit une rasade de quelque chose, sans même se préoccuper de savoir quoi, avala une bonne gorgée, et s’installa dans un fauteuil.

Et soudain, Jérôme fut là, sans avoir sonné, sans qu’Adrien l’eût entendu marcher ou grimper l’escalier. Sa présence, sa beauté, sa sensualité se répandirent, tangibles, dans la pièce qu’elles emplirent toute. Adrien était heureux. Il ne se leva pas, mais, désignant le fauteuil voisin du sien :

— Assieds-toi, dit-il, je t’attendais.

Jérôme obéit.

— Tu comprends, lança-t-il, dans le train, je ne pouvais pas leur dire que c’était avec toi, hier soir… Ils n’auraient pas compris. J’espère que tu n’as pas été vexé ? Mais à part ça, je ...

... t’assure, je n’ai pas menti du tout : hier, c’était plus que super, plus qu’extra, c’était un véritable enchantement… et une découverte… Depuis, je n’ai eu qu’une idée en tête, recommencer.

Adrien trouva soudain qu’il faisait bien chaud ; son ventre s’embrasait ; il regretta un peu d’avoir mis ce jean serré… Si ça continuait comme ça, dans quelques secondes, il serait tout à fait indécent ; mais Jérôme n’allait sûrement pas s’en plaindre, et puis, avec un peu de chance, il ne le garderait pas bien longtemps, ce sacré pantalon…

— C’est pareil pour moi, répondit-il la voix rauque et pourtant caressante, toute la journée j’ai pensé à toi, à ce que nous allions faire, à mon travail je n’ai rien fait, les lignes tournaient devant mes yeux, et je te voyais, toi. Hier, j’ai joui comme un dingue, mais c’était tellement rapide… J’ai encore faim de toi… Mais, comme tu l’as dit tout à l’heure à tes copains, aujourd’hui, nous avons tout notre temps. Nous allons vivre une nuit inoubliable… Commençons par rester un peu ici : rien que de t’avoir dans la maison, c’est une jouissance en soi, ça me met dans tous mes états. Prends un verre, bois quelque chose. J’aimerais te regarder, te toucher des yeux, avant de te toucher des doigts et… de passer à autre chose. Et parler un peu, peut-être… À moins que ça ne te dérange ? N’hésite pas à le dire : tu ne dois pas avoir l’habitude de te trouver dans une situation comme celle-ci, avec un homme…

Jérôme se servit de whisky et avala une solide ...