Rêve d'amour - Histoires de Sexe

Rêve d'amour

... rasade. Adrien pensa qu’il avait peut-être quelques inhibitions à chasser. Il sourit, amusé.

— En effet, je n’ai pas l’habitude, répondit Jérôme, mais ça ne me dérange pas, au contraire. Hier, comme tu l’as deviné, c’était ma première fois avec un homme. En fait, depuis toujours, tu as dû t’en rendre compte à mon attitude dans le train, les pédés, je ne les aimais pas beaucoup. Pas du tout même : ils me dégoûtaient. Rien que de penser à deux mecs en train de se tripoter, avec leurs queues en l’air, ça me donnait envie de gerber. Vraiment. Et puis, j’ai été si souvent dragué ! Ça m’a fait réfléchir. D’autant que tout change tellement, être pédé, ce n’est plus tabou comme avant, les mœurs ont évolué, on les comprend mieux, les pédés, ils choquent moins. Il faut croire que je leur plais, à ces types-là, je dois sûrement être leur genre, c’est incroyable ce qu’il y en a qui m’ont couru après. Et des beaux mecs, vachement virils et tout, qu’on aurait plus imaginé en joueurs de rugby qu’en top models. Je me suis dit que si des types comme ça étaient gay, alors qu’ils n’étaient pas du tout efféminés, qu’ils auraient pu facilement trouver des filles, c’est que ça devait être au moins aussi bon qu’avec les femmes, sinon plus, et ça m’a donné envie d’essayer. Après tout, le risque n’était pas bien grand. Mais avec ce genre de super-mâles, ça me faisait un peu peur, si tu vois ce que je veux dire, j’avais peur de ne plus pouvoir reculer et qu’ils me fassent des choses pour ...

... lesquelles je n’étais pas sûr d’être prêt. Et puis toi, tu étais là, je t’avais tous les jours sous les yeux, et c’était tellement visible que tu me désirais, et tellement visible aussi que c’était ma queue qui te faisait envie, et pour une bonne baise sans prise de tête, éventuellement sans lendemain. Ça me convenait parfaitement ; et puis, même si je n’avais jamais regardé un homme sous cet angle, je te trouvais plutôt séduisant… Alors, hier, j’ai pris mon courage à deux mains — il en a fallu, je t’assure —, et… tu connais la suite.

De tout autre que Jérôme, Adrien se fût offusqué de cette peu flatteuse anti-déclaration d’amour. Mais ce n’était pas de l’amour qu’il cherchait : Jérôme lui avait donné exactement ce qu’il souhaitait. Et puis, ce qui l’avait attiré, outre sa beauté, c’était cette rusticité dont il venait de donner une preuve nouvelle. Il sentit son désir s’accroître, et sa voix était de plus en plus rauque lorsqu’il demanda :

— Tu es sûr que tu as envie de recommencer ? Baiser un mec à la sauvette, comme tu l’as fait hier soir, c’est une chose, la plupart des hétéros le font un jour ou l’autre, mais passer avec lui une vraie nuit d’amour, avec des baisers, des caresses, des attouchements particuliers, c’est complètement différent : ça devient vraiment de l’homosexualité, même si tu as seulement un rôle actif. C’est la nuit que tu as décrite dans le train, c’est celle que je veux aujourd’hui. Est-ce que tu es vraiment prêt ?
— En fait, je n’en suis pas certain… ...