C.O-d(i)eux - Histoires de Sexe

C.O-d(i)eux

... voisin. Un sentiment de culpabilité écrasait l’assistance. Chacun sentait sur ses épaules le poids des dizaines de millions de compatriotes dont il venait de signer l’arrêt de mort.

Omar N’Diouf avait encore plusieurs points à l’ordre du jour. Il reprit la parole.

— Mesdames et messieurs, nous sentons tous le fardeau des décisions que nous venons de prendre. Nous sommes fatigués, physiquement et moralement. Mais nous n’avons pas encore fini.

Les chefs d’État relevèrent les yeux, accablés, se demandant quelle infamie on allait encore les obliger à accomplir.

— Nous venons de sauver six milliards d’êtres humains d’une mort certaine. Ce faisant, nous avons assuré la survie immédiate de l’espèce humaine. Mais nous devons aller plus loin. Il est de notre devoir de prendre les mesures nécessaires pour que plus jamais le sacrifice que nous venons de consentir n’ait à être reproduit. Nous devons nous assurer que la situation que nous vivons n’apparaisse jamais à nouveau.

Une lueur d’espoir apparut dans les yeux cernés.

— Nous allons ramener la population mondiale à son niveau de 2004. Or, en quatre-vingts ans, trente milliards d’êtres humains sont venus s’ajouter à ce nombre. Il faut empêcher que cela se reproduise, si nous ne voulons pas que nos arrière-petits-enfants paient le même tribut que nous. Nous devons agir sur les deux paramètres qui déterminent la croissance de la population : les taux de fécondité et de mortalité.

La nuit blanche qui venait de ...

... s’écouler et les couleuvres avalées avaient ôté toute combativité aux gouvernants rassemblés. Le sentiment dominant était désormais le fatalisme. Tout le monde écouta sans plus broncher le secrétaire général énoncer les mesures à prendre.

— Nous devons limiter le taux de fécondité à deux enfants par femme. L’expérience montre que l’éducation, les messages passés et les vœux pieux ne sont d’aucune efficacité. Nous devons prendre les choses en main. Les accouchements se déroulent en milieu hospitalier dans l’immense majorité du monde désormais. Les femmes donnant naissance à leur deuxième enfant subiront une opération de ligature des trompes.

Malgré la fatigue générale, un tollé de protestations enfla dans la salle. Omar N’Diouf n’y prêta pas attention, il avait encore un point essentiel à asséner.

— L’expérience nous a également démontré que la médecine est en progrès constant. L’espérance de vie moyenne est aujourd’hui de 95 ans. Les maladies, les virus, les affections diverses ne jouent plus leur rôle de prédateur de l’homme, car nous savons presque tout soigner désormais. Il ne sert à rien de limiter les naissances si dans le même temps chaque homme qui vient au monde peut espérer vivre plus vieux que ses aînés. Nous devons fixer une limite d’âge, une durée de vie sur terre. Le groupe d’experts a déterminé que cette limite ne pourra pas être supérieure à 85 ans.

Les protestations redoublèrent. Le secrétaire général des Nations Unies dit sur un ton calme :

— ...