C.O-d(i)eux - Histoires de Sexe

C.O-d(i)eux

... qu’était le pétrole, seuls les plus anciens d’entre nous ont connu son existence. Les minerais viennent à manquer, l’eau fait défaut dans plusieurs régions du globe.

Le brouhaha d’assentiment reprit. Omar N’Diouf ramena le calme d’un geste de la main.

— Cette situation est connue depuis des années, elle était prévue et prévisible. Mais… - il ménagea un silence - mais ce que personne n’avait prévu, ce qu’aucun analyste n’avait vu venir, le danger qu’aucun prévisionniste n’avait imaginé, c’est que nous allons bientôt manquer de la ressource la plus essentielle, de l’élément sans lequel aucune vie n’est possible…

Un silence de mort s’abattit sur la salle. Tous les visages reflétaient la même expression d’attente anxieuse pendant les interminables trois secondes qui s’écoulèrent avant que le géant noir siégeant à la tribune ne reprenne.

— L’oxygène !

Les bouches s’arrondirent à l’unisson dans un sentiment de stupeur glacée.

— Mesdames et messieurs les chefs d’État, l’humanité va bientôt mourir asphyxiée si nous ne faisons rien !

Un incroyable vacarme succéda au silence. Tout le monde s’était levé et gesticulait en arguant que c’était impossible, que cette hypothèse était une pure folie sortie d’un esprit dément. Omar N’Diouf attendit qu’un calme relatif s’installe à nouveau.

— Je vous entends, mesdames et messieurs. Vous vous demandez « comment est-ce possible ? ». Je vais vous l’expliquer.

L’assistance observa à nouveau un silence religieux.

— Les ...

... animaux, dont les hommes font partie, inspirent du dioxygène, O2, communément appelé simplement oxygène, et expirent du dioxyde de carbone, CO2, communément appelé gaz carbonique. Les végétaux chlorophylliens inspirent du gaz carbonique et expirent de l’oxygène. Les plantes et les arbres assurent donc le recyclage de l’air vicié rejeté par les humains. Mais je ne vous apprends rien, tout le monde sait cela.

Dans l’assemblée les têtes s’inclinèrent dans un même mouvement.

— Mais la combinaison de l’augmentation exponentielle de la quantité d’air vicié expiré chaque seconde, due à une population humaine en croissance constante, et de la baisse drastique de la capacité de recyclage, due à la déforestation galopante, a créé un déséquilibre dans cette mécanique bien huilée. Chaque seconde qui passe voit la teneur en oxygène de l’atmosphère diminuer et celle en gaz carbonique augmenter.

Sur l’écran géant dominant l’amphithéâtre le compteur de population, qui affichait maintenant dix mille habitants de plus que lorsqu’il était apparu, s’effaça pour laisser la place aux taux des deux composés gazeux, affichés sur quatorze décimales. Le dernier chiffre après la virgule commença sa rotation, en sens opposé pour les deux indicateurs. Omar N’Diouf reprit la parole.

— La forêt amazonienne, qui était autrefois la plus grande surface boisée de la surface du globe, se réduit aujourd’hui à une bande verte le long du fleuve, exactement comme la vallée du Nil l’a toujours été.

Des ...