Corps-à-corps dans le Vercors - Histoires de Sexe

Corps-à-corps dans le Vercors

L’antre de l’imposant patron de l’agence d’enquêtes privées Borowitz puait l’ours. J’avais beau m’y être accoutumé, rendre visite au maître des lieux et supporter l’atmosphère empesée par les remugles de transpiration et la fumée de ses horribles cigares n’était jamais une partie de plaisir. Ce l’était d’autant moins que le caractère de l’individu ne le cédait en rien à son poids et à son odeur.

Adam Borowitz fit pivoter son fauteuil à roulettes et me tendit par-dessus son bureau les feuillets crachés par l’imprimante.

— Prenez ça. Il y a deux photos de Virginie Perreaux et une de son petit copain. Sur l’autre page, vous avez les coordonnées de plusieurs personnes. Ce sont les infos que j’ai données à votre collaboratrice. Apprenez-les par cœur si vous le pouvez, mais ne trimbalez pas ce papier si vous vous rendez à n’importe laquelle de ces adresses. Contentez-vous des photos, au besoin.

Je jetai un coup d’œil sur les documents : deux portraits d’une adolescente aux cheveux roux, aux yeux pâles et aux traits délicats. Jolie, assurément. Le garçon était blond, et plutôt crépu.

— Tout ça ?
— Qu’est-ce que vous voulez de plus, Mrza ? Ce sont de bons points de départ. Le petit copain de la fille Perreaux s’appelle Torsten Holm, origines suédoises ; et « le Skull », c’est leur port d’attache, un obscur bistrot pour les jeunes. Si vous y allez, vous ferez tache.
— Merci, patron.
— Je vous en prie. Autant vous annoncer la couleur, hein ! C’est pas un quartier ...

... calme.
— Je sais. C’est sympa de votre part d’avoir expédié Ghislaine dans ce coupe-gorge.

Borowitz remua sur son fauteuil. Il paraissait tracassé et j’espérai qu’il éprouvait des remords, un genre d’état d’âme qui n’était pas courant chez lui ; mais il avait Ghislaine à la bonne, ceci expliquant sans doute cela. Il en négligeait non seulement de me tutoyer avec mépris, mais également de me balancer les reproches et insultes d’usage. Son cigare s’était éteint et il le tétait nerveusement.

— Sachez que si mes foutues quilles pouvaient me porter, j’y serais allé moi-même. Mais j’avais pas trop le choix, puisque vous étiez sur une autre affaire. Vous avez les coordonnées de Jacqueline Perreaux. Quant à Louis Mouche, c’est un de mes contacts dans le coin. J’ai essayé de le joindre, mais sans succès.
— Encourageant !
— Fais pas le difficile, Mrza ! grogna Borowitz en reprenant le tutoiement pour montrer qu’il ne pouvait pas rester aimable longtemps. J’ai donné les mêmes renseignements à la petite, et elle est partie au charbon sans râler.
— Voyez le résultat !
— Ça ne veut pas dire charrette. Il ne lui est peut-être rien arrivé. Je l’ai mise sur le coup avant-hier et j’ai insisté pour qu’elle soit discrète dans ses recherches, donc il est possible qu’elle ait pris ça au mot.

Parce que ce patapouf s’imaginait que Ghislaine était capable de discrétion ? La discrétion et Ghislaine, c’est chien et chat ! Et tout d’abord, elle ne passe jamais inaperçue. Physiquement, pourtant, ...