1. Roman... évidemment


    Datte: 03/10/2018, Catégories: fh, h+medical, Auteur: Hunky Dory, Source: Revebebe

    À l’arrêt pour cause de densité de circulation parisienne, ce 11 juin, il repensait aux événements de ces dernières semaines.
    
    Du roman… évidemment… quoi d’autre ?
    
    C’était sa première sortie, seul, avec sa voiture depuis l’agression, quasiment un mois plus tôt. Ses blessures le faisaient toujours souffrir, bien qu’un peu moins, mais il craignait la longueur de cette soirée.
    
    Pour autant, il n’allait certes pas manquer le concert de Sir Paul, même si son fils, entravé par des exigences professionnelles, ne l’accompagnerait pas. La douce Celia, l’infirmière qui s’était occupée de lui profiterait de sa place à ses côtés…
    
    Elle avait accueilli de son sourire son retour à la conscience et l’avait gentiment questionné sur son identité et celle de cette femme qu’il n’avait cessé d’appeler.
    
    Lentement, les faits lui revinrent à l’esprit et, tout au long des séances de soin, d’abord quotidiennes, il essaya de lui raconter…
    
    Lui raconter son choix de rester à Paris un week-end entier, seul, pour essayer d’oublier et de comprendre aussi. Il lui dit que sa manière à lui d’évacuer de trop fortes tensions intérieures ou ses démons comme il disait, c’était l’errance solitaire, nocturne et anonyme, dans les rues de Paris. Dans ces circonstances, ni téléphone portable, ni papiers ne lui semblaient utiles pour s’en remettre au hasard des rues et des rencontres.
    
    Le hasard ne fut pas bienveillant avec lui cette nuit-là, car ils ne le crurent pas, lorsqu’il déclara ne pas être ...
    ... muni d’un portable. Sa tenue vestimentaire sans doute leur donna à croire que ses moyens ne permettaient même pas d’envisager qu’il en fut ainsi.
    
    Alors sous leur action violente, il fit la connaissance du pavé parisien en même temps qu’il perdit la sienne. Il en rira avec Celia lorsqu’elle massera quotidiennement et parfois coquinement sa blessure à l’aine.
    
    « Une infirmière noire pour une blessure à l’arme blanche », la faisait sourire.
    
    — Ta blessure au ventre a inquiété les médecins, ta blessure à l’aine fut spectaculaire, mais ta vraie blessure n’est pas là, n’est-ce pas ? l’interrogea-t-elle.
    
    Il lui raconta, tout, de leurs derniers instants torrides et du reste aussi.
    
    Assise en tailleur et tenue d’infirmière sur son lit de soins quotidiens, elle l’écouta, l’air parfois amusé, parfois émue, parfois excitée.
    
    — Mais toi, s’enquit Celia, grave, tu étais excité ?
    
    Si la tenue informe de Celia ne laissait rien apparaître de son trouble, il vit dans son regard fiévreux l’effet de ses mots.
    
    La précision de ses mains pour les soins, pendant qu’il lui parlait, demeurait professionnelle, mais il lui sembla qu’ils étaient empreints de davantage de sensualité.
    
    — Mais alors, reprit-elle, pourquoi cette errance ?
    
    Il lui raconta leurs derniers mots et lui répéta ses mots à elle, ceux qu’elle prononça avant de devenir aphasique.
    
    — Faire son deuil de quelqu’un qui n’est pas entré dans sa vie, ça me paraît contradictoire, lui dit-elle doucement, on ne ferait pas ...
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