1. Femme de la nuit


    Datte: 17/09/2018, Catégories: fh, inconnu, bizarre, fantastiqu, Auteur: Medigane, Source: Revebebe

    ... Et même un peu plus. C’est comme si elle s’adressait à moi. J’entendais sa voix comme si elle résonnait directement en moi.
    
    — Suis-moi.
    
    Avais-je réellement le choix ?
    
    Je m’enfonçai à mon tour dans la sombre ruelle.
    
    Un pas après l’autre, j’avançai.
    
    Précautionneusement.
    
    De tout petits pas.
    
    Alors que mes yeux s’habituaient à l’obscurité, ce fut presque sans surprise que je pris conscience que la femme n’était pas là. Pourtant, cette fois-ci je le savais. Je n’avais pas rêvé. Ce fut pour cela que je continuai d’avancer. Un pas après l’autre, tout doucement. Dans la froide nuit de cette ville inconnue, je n’avais pas peur. Plus peur. Je m’avançais pourtant dans les ténèbres, entre les immondices, environné par un parfum d’ordures et de pourriture. Mais alors que je m’enfonçais dans ce néant, mon esprit était ailleurs. Le souffle court, le geste grave, j’avais l’impression de pénétrer un lieu sacré, l’impression de poser le pied dans une église et d’en parcourir la nef.
    
    C’est alors que je perçus un changement. C’était peut-être quelque chose dans l’air. Dans cet air sec qui me rendait extrêmement attentif, extrêmement éveillé. Ou alors était-ce en moi. Un imperceptible changement, mais qui signifiait tant.
    
    Elle est là.
    
    Derrière moi.
    
    Je m’arrête. Je reste interdit. Me détends. Ferme les yeux. Inspire profondément. L’odeur désagréable est partie, comme envolée, et à sa place, j’hume un délicieux parfum. Ce parfum, c’est celui de la nuit. Celui de ...
    ... l’éternité. Ce parfum c’est le parfum d’une caresse éthérée, le parfum de la promesse de volupté. Le parfum de la tristesse aussi, celui de la mélancolie. À présent elle est juste derrière mon dos. Je ne la vois pas mais je le sais.
    
    Je sens son souffle, qui se rapproche. Oui, cette femme se glisse doucement dans mon cou. Sans le toucher, mais je la sens, la sens respirer tout contre ma peau, derrière la nuque.
    
    C’est alors que ses doigts me touchent. Non pas directement, mais je sens une légère pression de sa main contre mon gant. Elle l’ôte délicatement, toujours en étant placée dans mon dos, sans un regard, sans une parole. Ma main est à présent nue, et je la sens qui, du bout du doigt effleure ma paume. Le contact est délicieux. La peau de la femme est étrangement froide, même pour cette nuit d’hiver, mais j’en ai à peine conscience. Tout mon esprit est concentré sur ce souffle dans mon cou, et sur ce doigt qui parcourt alors ma paume, sur l’ongle qui remonte lentement jusqu’à mon poignet. Alors elle pose ses lèvres sur moi. Elle dépose un léger baiser sur ma peau, comme on effleure un pétale de rose, puis m’embrasse de nouveau, plus passionnément cette fois, et accompagne son geste d’un mouvement de bassin, qui la colle tout contre moi.
    
    Je peux enfin la sentir. La sentir contre moi. Je sens sa poitrine généreuse se presser contre mon dos, je sens sa bouche qui n’en finit plus de m’embrasser dans le cou, le mordillant légèrement. Je sens ses mains qui se placent alors ...
«1234...»