Femme de la nuit
Datte: 17/09/2018,
Catégories:
fh,
inconnu,
bizarre,
fantastiqu,
Auteur: Medigane, Source: Revebebe
... femme et ne découvris qu’une place vide. Une table vierge devant une chaise inoccupée. Je m’étonnai une dernière fois de cette rencontre. L’avais-je rêvée ? Mon esprit mélancolique m’envoyait-il des fantômes pour accompagner ma solitude ? Je préférais ne pas répondre et laisser à cette rencontre le parfum de mystère qui l’entourait. Je déposai un billet sur ma table et sortis de ce lieu pour retrouver la réconfortante solitude du froid hivernal.
J’étais alors de nouveau dans les éléments qui, par la force des années, étaient devenus miens. La nuit. La solitude. Et ce temps glacé, qui s’insinuait jusque dans mon être pour y faire naître la mélancolie. Je quittais ce bar dans lequel j’avais voulu trouver un peu de chaleur, et dans lequel pourtant je n’avais rencontré qu’un tête-à-tête avec mes propres rêves. Pour la troisième fois de la journée je me promis de ne plus toucher à l’alcool.
Depuis que j’étais sorti, dans les rues désertes, j’avais l’impression d’être suivi. Mais par qui ? À chaque fois que je me retournais, même brusquement, je ne voyais qu’un trottoir vide. Je commençais à m’inquiéter. Non pas à propos de l’identité du fantôme me poursuivant, mais quant à ma santé mentale…
Des pas derrière moi. Je les entendais distinctement à présent. Mais je n’osais me retourner. Les pas se rapprochaient. Je ralentis, pas de ma propre volonté. Mes jambes m’obéissaient mal. Je m’arrêtai. Les pas stoppèrent également. Je sentais la présence derrière moi. Inquiétante et ...
... étrangement familière à la fois. Je réajustai mon chapeau, comme pour me donner du courage, habillai mon regard d’autant de dureté que je pus, avant de faire volte-face. À ce moment précis, une légère brise souffla vers moi, et je sentis contre le dos de ma main une légère caresse, comme déposée par les délicats doigts d’une femme. Mais la rue était une nouvelle fois déserte. Enfin, pas tout à fait déserte. Elle était habitée par un parfum. Ce parfum, je n’arrivais pas à l’identifier clairement, mais il me renvoyait à l’image de la femme rencontrée dans le bar.
Je me rendis alors compte que je retenais mon souffle. En un soupir, je décontractai mes muscles raidis. Quel idiot je faisais ! Se sentir poursuivi par un fantôme ! C’était d’un ridicule. Un sourire se forma sur mon visage, me redonnant l’illusion d’assurance nécessaire pour repartir. Il fallait que je trouve rapidement un endroit où dormir, il semblait que j’étais trop fatigué ce soir. Mais alors que je reprenais mon chemin, mon sourire se figea. Mon pied se glaça en se posant sur le sol. Devant moi se tenait la femme. Elle était à plusieurs mètres, mais je savais que c’était elle. À demi tournée vers moi, elle esquissait un sourire joueur. Il y avait quelque chose de félin dans son rictus. Avec une grâce infinie, elle se dirigea vers une ruelle sombre. Ses cheveux qui flottaient doucement dans l’air froid, sa main qu’elle laissait traîner derrière elle, son sourire, son regard, tout en elle m’invitait à la suivre. ...