Double exemplaire
Datte: 04/02/2018,
Catégories:
fh,
fhhh,
extracon,
fsoumise,
Voyeur / Exhib / Nudisme
strip,
facial,
pénétratio,
fdanus,
fsodo,
Partouze / Groupe
sm,
fouetfesse,
portrait,
policier,
Auteur: Resonance, Source: Revebebe
... ne vis personne.
J’en parlai le soir suivant à demi-mots à une autre serveuse plus âgée, qui haussa les épaules et me dit :
— Ça arrive… faut dire que quelquefois, y’a des filles qui disent pas non à joindre l’utile à l’agréable…
Elle avait détourné les yeux en me disant cela, ce qui me fit me demander si elle-même… Elle était mère célibataire et vivait difficilement. Je ne me permis pas de juger. De mon côté, j’avais accepté ce travail plus par effort conscient de surmonter une timidité maladive que par besoin d’argent.
Par la suite, je me suis souvent demandé si… Si le client avait insisté, s’il m’avait attendue à la sortie, et si, surtout, mon imagination m’emmenant de plus en plus loin de la réalité pour justifier, excuser à l’avance la suite, j’avais été dans un besoin tel que je n’aurais eu d’autre choix que d’accepter cette proposition… et d’autres similaires. Mes fantasmes allaient d’un extrême à l’autre, de la répugnance à la jouissance – et la limite entre les deux était très, très fine, voire inexistante. On était bien loin de la trivialité d’une petite affaire «utile et agréable ». Je concevais l’utile, mais pas la mièvrerie de l’«agréable ». Indécent, ignoble, obscène, paroxystique convenaient mieux.
Je n’avais jamais pu complètement refouler cet imaginaire, qui contenait cette fantaisie et d’autres plus violentes. J’en étais honteuse, sans pour autant vraiment essayer de le faire disparaître. Je ne manquais ni de tendresse, ni d’attentions, mais ...
... ne pouvais atteindre l’orgasme, que ce soit seule ou avec mon mari, qu’en élaborant dans ma tête des scénarios où je me résignais sous la contrainte, qu’elle soit physique ou morale. Ensuite… eh bien, j’étais livrée corps et âme, tout était permis, et l’imaginer m’amenait au plaisir dans la honte.
Je vivais ainsi en équilibre entre une vie réelle très conformiste et une vie imaginaire perverse mais bien enfouie. J’étais protégée de mes désirs par une muraille aux solides pierres fondatrices, les valeurs morales, les contraintes matérielles, et mes faiblesses de caractère. Les valeurs morales étaient celles, strictes, de mon milieu et de mon éducation, la fidélité, l’honnêteté. Côté contraintes, mon emploi du temps était calculé, chaque heure était allouée à une tâche bien précise entre mon travail de comptable et ma famille. Enfin, ma discrétion naturelle, tant physique que de caractère, était protectrice, car d’une part j’attirais peu l’attention des hommes, d’autre part pour moi, l’abord de l’inconnu a toujours été très difficile, de par un mélange de timidité et de crainte pure. Le ciment de cette muraille était la nature même de mes fantaisies, dont la réalisation était inconcevable.
Et voilà que par la faute de que j’avais entrevu, la muraille s’était fissurée – le ciment ne la tenait plus, parce que l’inconcevable ne l’était plus. Dans les semaines qui suivirent, j’allais découvrir que ma muraille protectrice n’était rien de plus qu’une rangée de murets de sable ...