Double exemplaire - Histoires de Sexe

Double exemplaire

... face à la marée montante de mes pulsions. Les contraintes, j’avais bien sûr le savoir-faire pour les gérer. Quant aux valeurs… un raisonnement pervers allait me convaincre que l’avilissement apporterait l’expiation et m’apporterait une intégrité que je n’avais jamais atteinte. Un seul rempart allait vraiment tenir : la peur, le manque de courage à faire le pas ultime.

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Le lieutenant Antonietti releva le nez du dernier feuillet.

— On dirait que vous n’avez pas fini…

Marc fit un geste d’impuissance :

— Le capitaine m’a demandé hier soir de construire un personnage, et de préparer une confession écrite de sa part. Je le cite «Une jeune femme, imaginative, fascinée par la prostitution mais ayant peur de passer à l’action. Masochisme féminin typique, prenezBelle-de-Jour comme référence ».

J’ai réfléchi un peu, et écrit cela… cela m’a pris une bonne partie de la nuit, mais au moins ce personnage est plus intéressant que les pré-ados au QI de 36,8 que j’ai dû personnifier récemment. Pour l’instant je n’ai fait qu’ébaucher, parce que je n’ai qu’une vague idée de ce qu’il veut en faire.

— Qui c’est,Belle-de-Jour, une prostituée de vos connaissances ?

Marc leva un instant les yeux au ciel, avant de faire la part des choses et de concéder :

— En un sens oui. «Belle-de-Jour » est un livre… un classique. Demandez au capitaine de vous le prêter, il l’a lu, lui.

Le lieutenant Antonietti rougit. Ce n’était pas la première fois que Marc ...

... persiflait sur une faiblesse dans sa culture. À défaut de mieux, une petite vengeance s’imposait – pas question de concéder aussi facilement un point faible, ce n’était pas pour rien que derrière son dos, ses subordonnés l’appelaient« le Pitbull »

— Une confession au passé simple ? Dites-donc… je crois que vous avez fait du zèle, vous confondez le capitaine avec un éditeur…

Marc se raidit un peu.

— Je ne sais pas ce qu’il veut en faire. Mais écrire en bon français n’a jamais nui… et puis, qui sait, je publierai peut-être cette histoire un jour.
— Et c’est un hasard si votre personnage me ressemble physiquement ? Et s’il y a d’autres coïncidences curieuses, comme le fait que j’ai eu une formation d’expert-comptable avant de m’engager dans la Gendarmerie ?
— Ah tiens ? J’ignorais ce détail… Je savais seulement que votre mari l’est. Mais c’est encore mieux comme cela. En ce qui concerne le hasard, je vous laisse réfléchir au fait que nous sommes convoqués tous les deux chez le capitaine ce matin… Et de quelles autres coïncidences voulez-vous parler ?
— Ne vous réjouissez pas trop vite, si vous faites allusion à l’attitude de votre personnage, il n’y en a aucune. J’ai noté le travail d’été comme serveuse… et puis la station dont vous parlez n’est pas difficile à reconnaître, c’est la plus proche en partant d’ici.
— Votre job comme serveuse, je vous ai entendu en parler. Si vous devez jouer un personnage, il vaut mieux avoir autant de base de réalité que possible, ce n’est ...