La robe chamarrée - Histoires de Sexe

La robe chamarrée

... autre. Presque machinalement. Et puis… Bon, on peut écrire les pires insanités en y mettant la forme, c’est vrai. Mais il y a aussi des détails qu’on aime garder pour soi. Arriva ce qui devait arriver. Un orgasme. Rapide. Aussi puissant qu’impromptu. À peine improvisé. Mais si !

°°°

19 heures à peu près. Maquillage léger après la douche, un short blanc, un coup de peigne et le chemisier que mon père m’avait offert pour mes vingt-huit ans. Je m’apprêtai à rejoindre le jardin quand je fus arrêtée par dame Margrit au bas de l’escalier.

— T’as pas sorti la robe de l’emballage j’espère, fait-elle en s’essuyant les mains à son tablier. Va la déposer chez moi… Il m’est venu une idée, poursuit-elle, sérieuse comme un pape.

Je m’exécute sans trop comprendre. Ou plutôt en comprenant trop bien.

Sous la pergola, Stéphanie parcourait une revue de mode avec le même d’enthousiasme que celui qui m’avait subjuguée quelques heures plus tôt au bord de l’eau.

— Je te croyais à Aix… Tu es en pétard avec Verdi, ou contre papa-maman ?

La question n’a pas eu l’heur de plaire. J’essayais de recentrer sur ce qu’elle aimait bien. La danse contemporaine en l’occurrence, tout en avouant ne pas en connaître le b. A. -ba. Mais là non plus, elle n’accrochait pas. Mademoiselle avait pourtant semblé passionnée l’autre soir en évoquant son cours.

L’heure du dîner. En bonne maîtresse de maison, Margrit passe parmi les tables, demande si tout va bien et reçoit les sempiternelles ...

... louanges sur sa cuisine. Arrivée à la nôtre, les remarques prennent un tour un peu moins conventionnel.

— Les biches se font un tête-à-tête ce soir… ? Champagne ! lance-t-elle à haute voix.

En attendant les bulles, j’essayais de brancher Stéphanie pour animer le tête-à-tête.

— C’est Aurélie Dupont, je crois, qui a très mal vécu ses premières années à l’École de danse de l’Opéra… Prestigieuse mais dure, paraît-il.

Aïe, à voir la réaction, je m’étais encore plantée.

— Faut pas tout confondre, reprend-elle. Là-bas, c’est danse classique. Une école d’excellence. On n’en voit que le beau côté, pas les mauvais : la compétition, la méchanceté, les coups par-derrière, les collants coupés, les croche-pattes…

Bon. Ne pas chercher la petite bête. Je dévie sur la morphologie des filles en général.

— Tu mélanges mince et maigre. Faut pas confondre danseuse avec anorexie.
— Crois-moi, ça se remarque sur scène, lorsqu’une d’elles est réellement maigre.

Étais-je ignorante ! J’enchaîne sur le haut.

— Ben, y’a poitrine et poitrine. Moi c’est « embryon de poitrine. C’est normal.

Évidemment ! Où avais-je la tête ? Elle affiche une hésitation. Un regard qui traîne et qui évite de se poser. Je me risque à la question bête pour faire le pont. Un pont pour aller où, m’étais-je quand même demandée. Mais bon…

— Alors jamais de soutien-gorge sous ton justau ? C’est comme maintenant, quoi…

Remarque… la mienne aussi est plutôt petite. Je préfère.

Une seconde d’hésitation ...