En Érinlande - Histoires de Sexe

En Érinlande

... poursuivie et alors qu’elle atteignait l’orée d’un bois, je l’ai rattrapée et bousculée. Elle est tombée avec un petit cri. C’était sa femme. Elle était par terre recroquevillée, sans même dire un mot, comme résignée. J’allais la frapper et j’ai pensé à Fiona. J’ai réalisé que j’allais me conduire comme lui. Tu te rends compte, comme lui ! Je lui ai dit de ne pas avoir peur et de ne pas rester là, car tout était devenu fou cette nuit. Elle m’a répondu qu’elle n’avait nulle part où aller. Alors je l’ai emmenée chez moi.
— Tu as quoi ?
— Je l’ai emmenée chez moi. Elle y est encore.

Cette nouvelle laisse Liam abasourdi. Son ami enchaîne :

— Je ne sais plus que faire. Je ne puis la chasser, je ne puis la mener à un poste Glaisan, il n’y en a plus à cent lieues à la ronde… Pourrais-tu l’accueillir ?
— Je ne puis.
— Pourquoi ? Tu as plus de place que moi et il y a ta grand-mère.

Liam hésite un moment :

— Je l’aurais fait volontiers, mais j’accueille déjà ses deux filles. Grand-mère a eu l’idée de dire que des petites filles de sa sœur étaient actuellement à la maison pour que les gens ne s’y intéressent de trop près. Il nous serait difficile de recevoir quelqu’un d’autre, cela pourrait faire jaser.
— Je comprends. Je ne puis la retenir cloîtrée, que puis-je faire ?
— Peut-être pourrais-tu faire comme nous, la faire passer pour une parente. Qui s’attendrait à te voir héberger la femme de Tourter ? De plus cela ne faisait que peu de temps qu’elle était mariée. ...

... Hors des domestiques du domaine, elle n’est pas connue. Avec des vêtements simples et en modifiant sa coiffure, il ne devrait pas y avoir de problème. Trouve-lui également un autre nom.
— Je vais faire comme tu dis en priant pour que tout aille bien. Certains sont très remontés et sont prêts à occire tout ce qui de près ou de loin a rapport avec les Tourter.

Une fois Domenic parti, Liam décide d’annoncer la nouvelle de la sauvegarde de la femme de son père à Luaine. Icelle l’interrompt :

— J’ai entendu : ce Domenic a recueilli ma belle-mère.

Après un temps, elle ajoute :

— Comment quelqu’un qui a l’air d’un brave homme a-t-il pu se transformer en assassin ?
— Domenic est effectivement un brave homme. Ce qui l’a transformé, c’est le chagrin. Depuis la mort de Fiona, il y a plus de deux ans, il s’est enfermé dans sa douleur. J’espère que maintenant il va pouvoir tourner la page et que d’avoir à s’occuper de votre belle-mère l’y aidera.
— Adela ne lui posera pas de problèmes. Elle a mon âge, elle est très douce et n’a pas une once de méchanceté. Je serais heureuse de la revoir, si c’est possible.
— Cela devrait pouvoir se faire. Bon ! Assez discuté, au travail.
— Hé ! Maître An Sionnach, rappelez-vous. Je ne suis pas une domestique que l’on aiguillonne, dit-elle en riant.
— Ma chère Luaine, tu es ma cousine, il faut bien aider ta famille, répond-il sur le même ton.

Une rencontre des deux jeunes femmes est organisée. Heureuses de se retrouver, elles papotent ...