Bienvenue, pingouin ! (2)
Datte: 22/08/2023,
Catégories:
Hétéro
Auteur: Mr.523, Source: Xstory
... toi, tu suces ? Je suis sûr que tu chevauches ardemment ton déodorant grand format tous les soirs.
Putain d’malheur ! Elle compte écrire ma biographie, me semble-t-il. Finalement, elle me lâche ; elle comprend que je suis raide quand je lui dis : « Maintenant, tu sais tout sur moi. Je peux t’appeler maman ? » Oui, à la fin je la tutoie : on est déjà tellement intimes qu’elle ne veut même pas me fouiller le côlon. L’éclaircie de mon périple.
Serpentant sur les chemins, clopinant de la patte, j’aperçois la dernière ligne droite. Au fond s’ouvrira l’horizon, la lumière de la vie, de l’au-delà, une lumière blanche éblouissante... Voilà, la sortie, en somme. Car dehors, il n’y a plus de soleil, que des mines pâles... ou de pâles mines.
Ah, on m’avait dit : « Tu verras, il fait froid, très très froid au Canada. » Impressionnante prémonition, astre des astres de l’astrologie : le temps est d’une chaleur étouffante. Plus torride que la plus aride des mottes. Ça me sèche sur place. Je n’ai plus la force de bouger. Suis trop loin pour faire marche arrière, trop éreinté pour me mouvoir. Alors je souris en opinant de la tête, j’accepte ma destinée bancale.
Je ne lui en veux pas à cette personne, moi l’aigri, pas de rancœur envers Nostradamus. De nos jours, qui peut encore prédire la météo ? Les Celsius tergiversent, il fait froid, il fait chaud, en été, en hiver, dans une même journée parfois. En pensant à ce sujet, je réalise qu’il est grand temps que je sonde une brûlante ...
... demoiselle de mon thermomètre affolé...
J’engage un taxi. J’me détends sur son cuir comme jamais. Les effluves de la fin du périple commencent à se faire sentir. Je suis bien. Lascif, collé, épris... un bigorneau qui suce le cuir de la banquette arrière. Je salue le cocher d’un grognement et d’une levée de main, le genre de salut néandertalien. Un Canadien de souche, des premières colonies certainement : Mohammed, qu’il m’dit qu’il s’appelle. Bordel à queue ! Plus rien ne me surprend. J’ai dû me tromper de destination. Il fait chaud. Mohammed m’amène à la place Jemaa el-Fna, sûrement ! Et puis de toute manière, je suis probablement en train de divaguer ; j’ai une pupille qui cherche désespérément à croiser l’autre...
Une salade, ce pays ! Ils appellent ça le «melting pot »...
Mohammed, il est tout sourire depuis que je lui ai donné le nom de l’hôtel. Il m’en raconte l’histoire alors que son auto sillonne plusieurs rues en contresens. Une tradition desnatives, sans aucun doute... Il ricane, cette belette, me dit que cet hôtel, on y passe une heure, deux ou trois au maximum, voire même trente minutes pour les affairistes pressés et les jeunes coqs.
Ben l’ami, il a calé quand je lui ai annoncé que j’y passerais la nuit, et pas qu’une. Son regard s’est rempli de respect : il a tout de suite compris qu’il n’avait pas affaire à n’importe quel singe. J’en ris âprement de son histoire, moi ; il ne voit pas que j’ai envie de lui ratatiner sa tête mielleuse sur le volant. ...