Naturels - Histoires de Sexe

Naturels

... lui adresse un large sourire lumineux :

— Seulement de celles qui me plaisent. De plus, l’expérience acquise à mes propres dépens me fait dire que, si l’homme propose et que la femme dispose, il faut savoir souvent aider un peu sa chance.
— Vous savez ce que vous voulez, vous !
— Dans notre monde rempli de paniers de crabes, c’est recommandé.

Puis mettant nos manteaux, nous quittons le studio, pour dénicher un restaurant asiatique. Chemin faisant, nous continuons à discuter.

Tandis que nous nous installons autour de la table désignée par le serveur dans un coin tranquille du restaurant, ôtant son manteau, Magalie me confie :

— C’est marrant, d’habitude, je tutoie facilement, mais pas avec vous.
— C’est l’effet Victor Bailly, chère madame Vabesce.
— Je ne connaissais pas ! Dire « vous » ne me dérange pas, mais ce n’est pas commun chez moi.

À nouveau, j’ai le plaisir de pouvoir contempler les formes pleines de ma voisine, les conditions actuelles de lumière les mettant encore plus en valeur. Commande prise, tout en parlant de tout et de rien, nous attendons sans impatience les apéritifs. Ceux-ci arrivent néanmoins très vite. Souhaitant s’épancher, Magalie se confie :

— Bah, je sais très bien que je n’ai pas toujours tourné dans des chefs-d’œuvre. J’ai commencé assez tôt, même trop tôt, en jouant les utilités plus ou moins dénudées. Et comme je n’étais pas très farouche, j’ai facilement transité de film en film, et aussi de lit en lit.
— Dire beaucoup ...

... oui pour se faire un nom ?
— C’est joliment dit. Honnêtement, ça ne me déplaisait pas, j’avais le feu au cul. La plupart des films connus de ma filmographie, j’étais au générique parce que je couchais avec l’un des acteurs, le réalisateur, le scénariste, ou tout ce petit monde à la fois.

Un sacré tempérament, mais l’époque était aussi plus permissive. Je me souviens d’elle dans les films de l’époque, elle avait tout de la blonde à bouclettes accessible ou de la fille facile, ayant une bonne bouille avec des yeux verts prononcés. Elle jouait parfois les prostituées au grand cœur. Chassant ces souvenirs, je demande :

— Vous n’aviez pas peur des éventuelles conséquences, genre bébé neuf mois plus tard ?

Elle devient plus nostalgique :

— Très tôt, j’ai su que je n’aurais jamais d’enfant. Ça a été révélé incidemment lors d’une radio, puis confirmé par d’autres examens. Et aucune opération ne pouvait faire quelque chose pour moi. Je me suis faite à l’idée, et je me vois toujours mal avec un bébé sur les bras. De plus, peu après cette découverte, j’ai échappé de justesse à un terrible accident, mais hélas, d’autres n’ont pas eu cette chance. Ce fut le déclic qui m’a fait dire de profiter de la vie, et peu importe ce que les gens diront de moi.
— Il est vrai que vous gardez une réputation sulfureuse…

Jouant avec le petit parapluie livré avec son cocktail, elle me fait remarquer :

— Dans le mot réputation, il y a pute. C’est ce qu’on disait de moi. Ce n’était pas si ...