La vie qui reprend son cours - Histoires de Sexe

La vie qui reprend son cours

... sourire. Et enfin, c’est à son tour de régler ses emplettes. La caissière accélère le mouvement et les bips sonores qui font grimper les prix trouvent une échéance dans la note finale. Le sésame bleu enrichit un peu plus encore le patron du magasin délestant au passage, la greffière de quelques sous. C’est très lentement qu’elle pousse vers la sortie sa charrette de courses.

— Madame ! S’il vous plaît, Madame. Ne partez pas !

La tête d’Hélène rentre dans ses épaules, s’attendant au pire. Son mouvement réflexe devient défense.

— Je vous fais peur ? Vous ne m’avez pas remis ?

Une volte-face lente, et la brune fait face à son interlocuteur. Si son visage lui rappelle vaguement quelqu’un, il est vrai que dans son métier, elle en croise beaucoup des hommes.

— Vraiment ? Vous ne me reconnaissez pas ?
— Ben… j’avoue que non ! Et je suis pressée.
— Je vous dois une fière chandelle. Sans vous, je serais peut-être encore à croupir derrière les barreaux d’une cellule pourrie.
— … ? Je ne vois pas trop !
— Mais si ! Souvenez-vous ! Vous m’avez fait libérer parce que le proc avait fait une erreur. Un type avait usurpé mon identité. Grâce à vous, je ne suis resté qu’un week-end en prison. Je n’ai pas perdu mon job et ma vie n’a pas trop été perturbée. Je vous dois une fière chandelle.
— … ah ! J’y suis. Je me souviens de vous maintenant. Je suis heureuse de voir que vous allez bien. Les choses se sont donc arrangées pour vous !
— Oui et je vous le dois. Je n’ai ...

... jamais eu l’occasion de vous remercier. Vous avez un peu de temps là ?
— Du temps ? Pour quoi faire ?
— Ben… je vous offre un verre. Il y a plein de bars dans ce centre commercial. S’il vous plaît, ne dites pas non ! Je vous suis redevable.
— Je suis réellement pressée.
— Allez ! Faites un effort. S’il vous plaît.
— Bon… je vais en premier lieu mettre ma marchandise en lieu sûr dans le coffre de ma voiture
— Je m’y rends aussi ! On fait le trajet ensemble ?
— Pourquoi pas ? Après tout, je fais parfois de plus vilaines rencontres.
— Je me doute bien que tous les hommes ne sont pas heureux de retrouver face à eux une personne qui les a embastillés.
— C’est juste mon boulot et je le fais consciencieusement.
— Plutôt bien, j’en suis une preuve vivante. Je ne vous en remercierai jamais assez.

L’immense parking voit débouler deux caddys qui déversent leur cargaison dans deux malles de véhicules assez éloignés l’un de l’autre. C’est donc dans l’allée centrale piétonne du centre commercial que ce couple se réunit une seconde fois, libre de tous chariots désormais.

— Alors ? Vous avez repris votre travail sans trop de problèmes ? Pas d’explications à donner à votre patron ?
— Ben, un peu tout de même. Mais grâce à vous rien de bien grave. Ça arrive souvent les erreurs judiciaires ?
— Non ! C’était la première fois que j’avais un cas tel que le vôtre à traiter. En général, les parquets ou les juges font bien leur job… vous êtes l’exception qui confirme la règle.
— … on ...