La vie qui reprend son cours - Histoires de Sexe

La vie qui reprend son cours

... prend un pot ici ?

Les deux sont arrivés devant une terrasse au milieu d’une large allée. Un serveur les voit prendre place autour d’une petite table. Il se précipite pour récupérer leur commande.

— Pour ces messieurs-dames, ce sera ?
— Une bière pour moi et vous madame ?
— Tiens ! Une bière également !
— Bouteille ou pression ?
— Pression pour moi.
— La même, en couleur, s’il vous plaît !

Il est parti en louvoyant entre les tables. L’endroit est plutôt bruyant, des badauds défilent dans tous les sens autour du troquet. Hélène détaille un peu plus le garçon qui se tient face à elle. Le type a quoi ? Entre quarante et quarante-cinq ans ? Il est bien habillé, souriant. Les consommations sont rapidement servies. Et le bonhomme ne la quitte pas de ses prunelles bleues. Alors pour rompre un peu ce moment lourd elle lui adresse la parole.

— Vous faites quel travail déjà ?
— Je suis commercial. Je fais la tournée des boutiques de lingerie féminine.
— Ah ? C’est un métier ça ?
— Ben… ça marche même plutôt pas mal. Je peux vous montrer si vous voulez !
— Me montrer ? Mais me montrer quoi ?
— Les articles que je présente aux détaillants. Je visite souvent cette boutique-là derrière vous ! C’est une cliente de ma boîte. On pourra pousser jusque-là si ça vous chante.
— Je suis fonctionnaire et comme vous le savez peut-être mon salaire ne me permet pas de m’habiller avec des marques. Et puis sous un uniforme, les beaux dessous ne servent pas à grand-chose.
— C’est ...

... bien dommage ! Vous êtes une très belle femme et puis, sans vouloir vous jeter des fleurs, votre âme est belle.
— … ? Quoi ?
— Combien d’autres que vous n’auraient pas seulement pris la peine d’écouter ce que j’avais à dire ce jour-là ? Dans l’esprit des gens, si on atterrit dans vos locaux, c’est bien qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Alors… vous avez-vous eu le courage de prendre en compte mes dires et de…
— C’est juste un travail. Et je tente de le faire du mieux possible. C’est tout bêtement comme ça !
— Non ! Vous êtes belle en apparence et plus belle encore au fond de votre âme.
— Vous parlez comme un curé, là.
— Je dis la vérité. Vous ne voulez pas que nous allions regarder ces parures dont je vante la douceur ? Le magasin de ma cliente est juste là.
— Pour quoi faire ? Je n’ai pas les moyens de m’offrir ce genre de luxe.
— Juste le plaisir des yeux…
— Des miens ou des vôtres ? Je vous vois venir avec vos gros sabots ! Vous me faites du gringue ?
— Où serait le mal ? L’éthique vous interdit de fréquenter les anciens détenus ? Je suis donc à vos yeux, coupable d’avoir été arbitrairement arrêté et incarcéré par erreur ? Ne me dites pas que vous aussi voyez les évènements de cette façon.
— Bien sûr que non ! Voyons ! Je sais bien que vous n’êtes responsable ni coupable de rien. Sauf de vous être trouvé au mauvais endroit au mauvais moment.
— Alors, laissez-moi lire dans vos yeux, le plaisir de voir ces beaux assortiments de sous-vêtements. Venez ! Moi, c’est ...