1. Lily, la meilleure des frangines (1)


    Datte: 28/07/2023, Catégories: Lesbienne Auteur: Gentille75, Source: Xstory

    Une histoire dépouillée des artifices littéraires habituels, une chronique centrée sur le désir, sur le plaisir, est-ce réalisable ? Il me faudra outrepasser certaines règles de l’écriture classique pour lui donner vie. Ne soyez pas déstabilisés par le langage parfois familier de la jeunesse, j’espère ainsi mieux retranscrire l’intégralité des émotions, leur impact à l’époque où la vie se résume à une succession d’expériences.
    
    ♀♀1 La leçon de piano
    
    À compter les nombreuses canettes vides abandonnées un peu partout, on avait fait fort ; heureusement, maman ne risquait pas de débarquer à l’improviste. Je me sentais trop bien pour casser l’ambiance, il ne pouvait rien nous arriver à la maison, excepté une gueule de bois si la bière continuait à couler. Aucune importance, Lily était majeure, en âge de prendre une cuite de temps en temps. Au moins aujourd’hui, toute la misère du monde ne reposait plus sur ses épaules. Le coup de sonnette insistant à la porte d’entrée me fit sursauter.
    
    — La voilà !
    
    La frangine préférait la solitude, trop timide ou trop complexée pour s’entourer de copains et de copines, contrairement aux autres nanas de 18 ans que je connaissais. Pourtant, beaucoup enviaient son physique avantageux, moi la première, sans parler du visage poupon mis en valeur par les beaux cheveux châtain clair coiffés en queue-de-cheval, qu’elle s’entêtait à couper en frange sur le front haut. Je surpris à son passage près de moi une lueur d’impertinence dans le ...
    ... regard d’un bleu profond, la petite bouche s’arrondit sur un sourire aussi mystérieux que contagieux. Je me demandai quelle visite pouvait la mettre dans cet état.
    
    — Bonjour.
    
    La voix grave me rappela quelqu’un. Merde ! Jamais la mère Dubreuil n’aurait débarqué à la maison sans une invitation. La prof de piano de ma sœur s’arrêta net à l’entrée du salon, le temps de faire un rapide état des lieux, puis elle s’approcha pour m’embrasser sur la joue, une habitude.
    
    — Ça va, Victoire ? Vous ne vous ennuyez pas, on dirait.
    
    La moue complice de la vieille, elle approchait quand même des 50 ans, ne laissait rien penser de son intention de nous dénoncer. En tant qu’aînée, la colère de maman me retomberait dessus en cas d’indiscrétion.
    
    — Rassurez-vous, pouffa-t-elle en s’asseyant sur un des deux tabourets rotatifs devant le piano droit qui encombrait le salon depuis deux ans, j’ai été jeune aussi, ce sera notre secret. Tu es sûre d’être en état de jouer, Lily ?
    
    La frangine s’installa sur l’autre siège en silence, elle faisait toujours semblant de ne rien entendre quand une question la dérangeait. La prof, habituée à gérer son caractère depuis le temps, rectifia la position des doigts au-dessus du clavier sans se formaliser.
    
    — D’accord, tu commences par « Ballade pour Adeline », puis « Lettre à ma mère », on finira avec « Nostalgy » à quatre mains.
    
    Je m’enfonçai dans le canapé moelleux, attentive à ne faire aucun bruit. Écouter Lily s’exprimer par la musique n’était ...
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