Love you Two - 02 - Histoires de Sexe

Love you Two - 02

... tomber sur lui « par hasard ». Puis elle se fit une raison. Peut-être était-il marié ? Peut-être n’était-elle pas son genre ? Peut-être n’était-il pas le type d’homme à draguer des filles bousculées dans des cafés, tout simplement.

Elle cessa de le chercher autour d’elle, et reprit le cours de sa vie.

C’est le destin, ou le hasard, qui les mit de nouveau l’un face à l’autre, dans l’ascenseur de la bibliothèque du quartier.

Rey avait le nez dans Habibi, un roman graphique de Craig Thompson ; Ben descendait vers le bureau des emprunts, avec dans les bras des volumes de George Orwell, Ray Bradbury, Aldous Huxley.

Rey sentit son regard par-dessus son épaule et leva la tête. Elle sourit en le reconnaissant, mais son sourire se figea en se rappelant qu’il n’avait pas cherché à la recontacter.

— Ben Solo ! dit-elle. Euh… comment va votre pull ?
— Rey of sunshine, la salua-t-il. Le pull est mort. Je l’ai lavé, il a rétréci. Ça ne fait rien, c’était un vieux pull.

Rey se pinça les lèvres :

— Je suis désolée d’avoir gâché votre pull. Je comptais vous rembourser, vous savez… mais vous ne m’avez pas rappelée.
— Vous plaisantez, je n’allais pas vous rappeler pour vous réclamer de l’argent !

Il marquait un point. Mais comment lui dire qu’elle aurait aimé qu’il la rappelle pour tout à fait autre chose ? Peut-être n’était-il pas disponible ?

Elle baissa les yeux, aussi discrètement que possible, pour regarder sa main : il ne portait pas d’alliance.

Aussi ...

... discrètement que possible ne suffit pas. Il suivit son regard et crut probablement qu’elle regardait ses livres, car il ressentit le besoin de se justifier :

— Des classiques de science-fiction. Pour mon cours. J’ai un peu de liberté sur le programme des plus jeunes, j’essaie de les pousser à lire sans les assommer avec les sempiternels Austen, Twain, Fitzgerald…

Elle hocha la tête et il reprit :

— Et vous, vous lisez quoi ? Une bande dessinée ?
— Un roman graphique. Ça se passe au Moyen-Orient, Craig Thompson a mêlé à son dessin de la calligraphie arabe et des enluminures et motifs orientaux. C’est très beau.
— Je serais curieux de découvrir ça, fit Ben qui avait l’air réellement intéressé.
— Eh bien… il sera dispo à la bibliothèque quand je l’aurai rendu, sourit Rey.

L’ascenseur était en bas. Ils se dirigèrent vers le bureau des emprunts. Rey aurait voulu continuer à discuter, mais elle ne savait pas comment relancer la conversation. Finalement elle reprit son souffle :

— À défaut de rembourser le pull, est-ce que je peux vous offrir un café ? Sauf si…

Elle rougit :

— … sauf si quelqu’un vous attend ?
— Personne ne m’attend, dit-il. D’accord pour le café.

Et c’est ainsi que Ben Solo entra dans sa vie. Grand lecteur, un peu poète et délicieusement ringard, avec ses pulls irlandais et ses chemises boutonnées jusqu’au menton.

Il avait de grandes mains, le visage constellé de grains de beauté se mordait les lèvres lorsqu’il réfléchissait et se passait ...