Le journal intime
Datte: 14/07/2023,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
Auteur: Philus, Source: Hds
... face. « Quel boulot ! » pensa-t-elle en cessant de compter mentalement les livres. Puis elle se leva, regarda les ouvrages un à un et explora les tiroirs. L’un d’eux était vide hormis un carnet vert bouteille demi-format. La couverture de cuir était munie d’une serrure fermée, mais une minuscule clé dorée était restée dessus. Coralie la manipula et ouvrit le calepin. La première page était blanche, mais la seconde portait un titre étonnant : « Mes péchés non avoués ». Coralie se rassit, prit une gorgée de café et tourna le feuillet avec curiosité. Une belle écriture bleue de stylo-plume remplissait la page. Les premiers mots de la première ligne étaient : « Pour toi, ma fille chérie, Coralie… ». La jeune femme en eut la gorge serrée, et une larme perla à ses yeux. Elle respira un grand coup et se jeta à corps perdu dans la lecture.
*
« Tu avais onze ans lorsque ton père est mort. Cette disparition soudaine nous a beaucoup affectées toutes les deux. Tu t’es rapprochée de moi et moi… de qui j’ai pu. Ton père était croyant, sans plus. Nous allions bien à la messe le dimanche, mais il aimait surtout le coup de blanc qu’il buvait avec ses copains avant de revenir à la maison pour le repas dominical. Je ne l’ai jamais vu franchir le rideau d’un confessionnal et manger de la viande le vendredi ne le dérangeait aucunement. Dire qu’il avait la foi du charbonnier serait peut-être exagéré, mais plutôt je crois une foi de convenance. J’allais moi-même me confesser une fois par ...
... mois et le curé de la paroisse me demandait souvent de lui envoyer mon mari à confesse ; j’ai essayé, mais c’était peine perdue. Quand je fus veuve, c’est donc tout naturellement que je me suis rapprochée du père Poitevin. J’ai d’abord œuvré bénévolement pour les indigents de la paroisse. Plus tard, j’ai fini par confier au curé que la pension de réversion de ton père ne me suffisait plus, d’autant que tu envisageais déjà le métier d’infirmière ce qui nécessitait pour toi d’aller à Paris. Une place venait de se libérer à la maison de retraite paroissiale dont il s’occupait avec la responsable Hélène Bourguignon. Le matin, il fallait s’occuper de la toilette de certaines personnes handicapées et l’après-midi faire le ménage dans le bâtiment. Ce n’était pas énormément payé, mais cela ne remettait pas en cause les diverses allocations dont je bénéficiais par ailleurs alors j’acceptai.
Hélène Bourguignon était une salope. Oui, je dis bien : une salope. Tu ne m’as jamais entendu dire de mots vraiment grossiers, mais cette femme mérite amplement ce qualificatif. Elle avait pensé à quelqu’un de ses connaissances pour ce poste et elle me faisait payer cher le fait que le père Poitevin m’avait choisie pour celui-ci. Combien de fois m’a-t-elle appelée pour laver un résident qui avait fait sous lui alors que ce n’était pas mon étage ? Combien de fois a-t-elle, paraît-il involontairement, renversé le seau d’eau dont je me servais pour laver le sol ? Combien de fois encore s’est-elle ...