Le journal intime
Datte: 14/07/2023,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
Auteur: Philus, Source: Hds
(Histoire inspirée d’une idée de Coralie avec qui j’ai eu un échange de courriels. Malheureusement, j’ai égaré son adresse mail. Si elle me lit, je la remercie de bien vouloir me dire ce qu’elle pense de ce récit)
Le train au départ de Montparnasse, arriva en gare de Chartres à 8 h 12. Quand Coralie descendit sur le quai, le ciel gris et pluvieux d’Île-de-France qu’elle avait quitté avait laissé place à un soleil timide. Pendant qu’elle passait un gilet, un courant d’air frais lui souleva sa mini-robe légère, laissant apparaître ses cuisses fines, lisses et blanches et même sa petite culotte. Bienheureux celui qui avait su profiter de cet instant fugace ! À l’horizon, quelques cumulus paresseux dissimulaient parfois l’astre solaire pas encore très haut. Coralie sortit sur la place Semard. Le vent n’apportait aucune odeur de pot d’échappement comme à Paris, mais un parfum de viennoiseries qui lui excita l’appétit ; le bruit des véhicules était lointain. À une heure de la capitale, Chartres sentait bon la province.
Cela faisait dix ans maintenant que Coralie, une jolie jeune femme brune d’une trentaine d’années, avait quitté le foyer parental pour aller vivre à Paris. Elle y suivit des études d’infirmière puis fut engagée dans une maison de retraite d’un standing correct, sans plus, dans le XIVe arrondissement. Elle-même habitait vers la porte de Vanves, mais aujourd’hui, elle revenait au domicile familial pour une triste besogne. Coralie, dont le père était décédé ...
... dix-huit ans auparavant, venait de perdre sa mère d’une mauvaise grippe la semaine passée. Elle devait vider le logement que ses parents occupaient pour le restituer au bailleur.
L’entrée principale de l’immeuble se trouvait rue du Ravin, non loin de la gare. Coralie s’y rendit à pied. L’appartement, situé au premier étage, était vétuste, mais vaste. Deux fenêtres donnaient sur la rue du Ravin et deux autres sur la rue de la Couronne. Le bâtiment comptait quatre logements et le propriétaire de celui de la mère de Coralie souhaitait effectuer des travaux de rénovation importants avant de le relouer. Il lui avait laissé jusqu’à la fin du mois pour déménager. Coralie y venait aujourd’hui pour estimer la charge que cela allait lui occasionner.
La jeune femme jeta un rapide coup d’œil à la boîte à lettres marquée « Anne-Marie Breton », cueillit quelques publicités qui débordaient, puis grimpa les marches de bois, la main sur la rampe polie par le temps. L’escalier craquait et, comme à chaque fois, l’odeur de la cire la renvoyait à son enfance. Elle sortit le trousseau de clés que l’hôpital lui avait rendu et pénétra dans le logement. Elle s’installa dans le canapé vieux rose comme elle en avait l’habitude quand elle rendait visite à sa mère, mais aujourd’hui personne ne pouvait lui préparer de café à part elle-même ; ce à quoi elle se consacra avant de revenir s’assoir. Sa tasse sur la table de salon, Coralie observa en soupirant la lourde bibliothèque en noyer qui lui faisait ...