Mes siamois
Datte: 30/06/2023,
Catégories:
fh,
hh,
amour,
délire,
Humour
Auteur: Serafin, Source: Revebebe
... plus ne me vient à l’esprit. Que dit-on à un joli nez rouge sous un bonnet tricoté ?
—Imbécile, ne lui parle pas de son nez, tu vas la vexer ! s’alarme Roméo.
— Super, merci ! Je viens d’arriver à Melun, c’est la première fois que je prends un transilien. Vous faites ce trajet souvent, vous ?
— Tous les jours depuis cinq ans.
Je réponds comme un automate. Les Six à Moi sont bouche bée devant la demoiselle - pour une fois que j’aurais besoin de leurs conseils !
— Vous devez connaitre le paysage par cœur, sourit-elle. Je vais travailler dans le 15ème, vous me conseillez quelle ligne de métro après ?
L’arrivée du train m’accorde quelques instants de répit.
Elle s’est tout naturellement installée à côté de moi. Heureusement, elle se charge de la majeure partie de la conversation. Elle a de jolies dents pointues qui lui donnent un sourire malicieux. Rita approuve les canines d’allure canine. Roméo esquisse de petits pas de danse tandis que Gontran lui jette des regards noirs.
—Mais qu’est-ce que t’as besoin de faire les yeux doux à la première gonzesse sur le quai ? peste Gontran.On n’est pas bien, tous ensemble à la maison ? Qu’est-ce qu’il te faut de plus ?
Rita le regarde dédaigneusement.
—Moi je la trouve charmante, cette petite. Elle a une tête à aimer les animaux.
—Je suis d’accord avec Gontran, vocifère Ute.Pas de femme, pas d’emmerdes. Ça commence par des « mon chéri », et ça finit par dégager ta décapotable pour une voiture ...
... familiale.
Le nez rouge me regarde fixement ; le flot de paroles s’est interrompu. Merde, elle a posé une question ? J’y vais au bluff.
— … si je n’ai pas froid en pull ? Non, ça va, merci.
Vu son regard, ce n’était pas ça la question. Tant pis, j’enchaîne.
— J’ai hésité à mettre une veste en fait. Mais comme on n’était pas d’accord, le compromis a été de mettre une écharpe.
« On », j’ai dit « on » ! Je lui montre l’écharpe bleue choisie par Roméo dans l’espoir de détourner son attention. Roméo est au bord de la crise cardiaque, tandis que Gontran et Ute se donnent de vigoureuses claques dans le dos.
— « On » ? Votre chérie ne vous laissait pas partir sans veste ? s’amuse-t-elle.
Son regard est à moitié moqueur, à moitié intrigué, à moitié… déçu. Elias enlève nonchalamment ses écouteurs, sort un pétard, en prend une taffe et lâche :
—On n’est rien d’autres que tes colocs, mec. On est tous ensemble dans ta tête.
— … mes colocs, mademoiselle. Quand je dis « on », je parle de mes colocs. Ils avaient peur que je m’enrhume.
Je tente un sourire timide. Elle me sourit en retour, visiblement ravie de ma réponse, et enchaîne sur les détails son propre rhume.
Roméo revient sur mon épaule en enfilant ses gants de cheval, l’air sûr de lui.
—Allez les gars, c’est dans la poche. Allons inviter cette Juliette pour un café. Spiiiiiiip !
Un cheval blanc apparait, que Roméo enfourche aussitôt.
—T’es haut là-dessus. Fais gaffe de pas te casser la Spip, dit Elias, ...