Un couple trop parfait. - Histoires de Sexe

Un couple trop parfait.

... lorsque j’ai dit qu’il s’agissait du prix des travaux du toit de l’église, ils ont ri et ont dit :
— Ce n’est rien, on s’en occupe. Signez ! Vous imaginez bien que je n’ai pas signé. Je me suis campé la main sur le combiné téléphonique et j’ai crié en brandissant un crucifix : «Vade retro satanas. Déguerpissez sur-le-champ ou j’appelle les forces de l’ordre ». Eh bien ils sont partis, encore une fois, Dieu m’a sauvé, nouveau signe de croix. Ils voulaient tout abattre pour construire un hôtel. Non, vraiment non. Il faut des travaux, c’est certain, mais de là à tout abattre, ce serait fort regrettable.
— Oui, c’est vrai, cette bâtisse a du charme.
— Du charme et un passé, chère Madame. Car cette aile où nous sommes était donc occupée par le curé, moi en l’occurrence, qui autrefois était secondé par un abbé, qui disposait aussi d’un appartement à l’étage. Et toute l’autre aile était occupée par des sœurs, les petites sœurs des pauvres, qui venaient en aide aux malades et aux nécessiteux de la paroisse. Les pauvres sont morts, les sœurs sont parties. Venez voir…

Il traverse le couloir en soufflant comme un phoque, sort un énorme trousseau de clés et ouvre une porte double. Elle donne sur un couloir éclairé par des vitres placées en hauteur dans la cloison, un peu décalée par rapport au centre de la maison, le côté rue étant plus étroit que le côté lac.

— Alors, voyez qu’ici il y avait un bureau, où l’on notait les activités quotidiennes, les noms des malades et leurs ...

... pathologies, les soins prodigués… Et à côté se trouvait la salle de soins. Voyez, pas de parquet, mais du carrelage qui était lavé à grande eau quotidiennement et avec de la javel. En face se trouvait la cuisine, assez grande, mais qui laissait la plus grande place à la salle à manger. Regardez cette immense pièce avec vue sur le lac. Ce serait tout de même dommage de détruire tout cela ! Alors au fond du couloir se trouve l’escalier qui mène aux cellules des sœurs, la porte donnant sur le palier central étant condamnée. Bien sûr, ce n’est plus le cas aujourd’hui, et nous allons emprunter le grand escalier, car celui-ci est en colimaçon et trop raide pour mes pauvres jambes…
— Nous vous suivons.
— Voyez… ce grand escalier… tout en chêne… magnifique… ce serait vraiment dommage… les barbares… Ah, enfin nous arrivons. Voilà donc l’appartement de l’abbé, presque le même que celui du curé, sauf qu’il est diminué de… La chambre de l’Évêque, au cas où Monseigneur vienne dormir. À ma connaissance, elle n’a jamais servi, mais admirez cette décoration. Somptueux, non ? Avec une vue magnifique sur le Léman, quoique les cèdres auraient besoin d’être taillés. Et donc en face… avec la bonne clé… hum, la voici… les six cellules des sœurs encore toutes équipées, voyez ? Un petit lit de fer, une table et une chaise, et une petite armoire. Trois sur la rue, trois sur le lac, comme les fenêtres. Au fond, elles avaient leur lieu de toilette collective d’un côté, juste des éviers centraux avec de ...