L'Empire des sens au pays d'Oc
Datte: 06/06/2023,
Catégories:
BDSM / Fétichisme
Auteur: Petite Chérie, Source: Xstory
... L’homme a toujours besoin de manger et de se reproduire,et dans les deux cas, il faut passer à la casserole. » [Paul Bocuse, dansLe feu sacré]
Souvent, je venais m’asseoir à la terrasse, à l’ombre, sur un des bancs coupés dans un tronc devant des tables massives taillées à la tronçonneuse pour lire ou simplement prendre l’air et écouter les histoires. Des histoires, il y en a eu beaucoup... Beaucoup de voisins – des connaisseurs – venaient tailler la bavette au pastaga ou à la bière locale qui côtoyaient le saucisson fumé dans la cheminée ou bien le pâté maison étalé sur le "panis" (pain) cuit sous la cendre, après le dur labeur des champs et avoir trait les vaches jusqu’à tard le soir.
Delphina, une gentille petiote de 20 ans à peine – une gamine – servait les verres à la carafe autour des tables en virevoltant comme un papillon. Elle avait été adoptée par La Mèm qui, sous ses airs de matrone, avait un cœur en or. Delphina, une belle jeune femme aux formes voluptueuses, toujours souriante, pétillante, un joli brin d’à peine 1,63 m, dotée d’un beau petit cul et pas trop farouche (je l’avais déjà surprise deux ou trois fois en train de tailler une plume à un client derrière le tas de bois de chauffage). J’en aurais bien fait mon quatre heures moi aussi, et pas que moi, d’après les "badeurs" (du verbebader = regarder avec intérêt).
Le soir, La Mèm nous gardait – ses habitués, dont je faisais partie – à manger autour de sa table pour nous servir sa fabuleuse garbure ...
... bien copieuse, mijotée au chaudron tout l’après-midi, composée de légumes de saison et garnie de divers morceaux de viande en fonction des restes du midi ; pas de gaspillage. Ce plat unique offrait ainsi des fumets et des saveurs différents à chaque fois : un enchantement du palais. À la fin, l’assiette où restait un fond de soupe accueillait une bonne rasade de vin pour faire "chabrot" en "churlupant" (boire, avaler en faisant du bruit).
Le dimanche soir, nous avions droit en dessert à "l’étouffadou" (gâteau, sorte de massepain étouffe-chrétien) que nous nous forcions à avaler tant bien que mal devant La Mèm pour ne pas la vexer. « Es quicòm aquò ! » (C’est quelque chose !) Parfois c’était une croustade aux pommes marinées dans de l’eau de vie. Sachant qu’il faut 48 heures de préparation en monopolisant une grande table durant ce temps où la pâte est finement étirée jusqu’à une quasi-transparence, séchée puis badigeonnée d’un mélange d’huile et d’eau de vie et ainsi de suite, c’était donc rare et exceptionnel quand nous en avions.
Je crois que je n’ai jamais pris autant d’embonpoint que durant mes séjours chez La Mèm, ni couru autant en crapahutant pour éliminer mon gras.
La piquette ou bien le gros pif qui tache aidant, les langues se déliaient ou se liaient selon les affinités ; la solitude dans les campagnes... La soirée se poursuivait ainsi dans la bonne humeur de ces gens simples qui savent apprécier les petits plaisirs de la vie, tous un peu "pompettes" (ivres). ...