L'Empire des sens au pays d'Oc - Histoires de Sexe

L'Empire des sens au pays d'Oc

J’écris souvent en musique. Je choisis les genres musicaux en fonction du texte ; une recherche de résonance entre les sons et les mots, dans un instant présent et bien précis.Ma playlist pour écrire ce texte-ci : le groupeNadau (prononcer Nada-w) avec son chanteur-conteur-poète dans la pure tradition occitane, avecEncatada ouSe Cano, hymnes incontournables.Je vais essayer de vous immerger dans mon "païs", dans sa culture, ses traditions qui datent de bien avant Napoléon... à ma façon, bien sûr !

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C’est un ancien moulin avec sa roue à aubes, aménagé en "hostel" (auberge), perdu dans la verdure des bois alentours au bord d’un ruisseau au pied des Pyrénées, entre la moyenne et la basse montagne, niché au creux de la vallée des Baronnies. Elle est tenue par une vieille femme à l’âge indéfinissable et au visage fripé par le temps, que les habitués appellent affectueusementLa Mèm, une femme au caractère bien trempé qui s’attribue le droit de choisir et d’accueillir le promeneur à sa table, ou pas.

C’est d’un « Aarrgg, qualqu’un aqui ? » (Heing, quelqu’un ici ?) d’une voix forte qu’elle accueille l’étranger pour le jauger ensuite de ses yeux presque transparents, d’une œillade perçante, le détaillant de haut en bas puis remontant pour se planter au final droit dans le regard de l’autre. Si l’étranger a le malheur de baisser juste une paupière ou ne serait-ce que de moufter... "es perdut " (c’est foutu) : il se retrouve jeté dehors d’un seul signe de ...

... l’index pointé vers le chemin, repartant la queue entre les jambes et l’estomac dans les talons.

La première fois que je l’ai vue, j’avais la petite quarantaine. Après trois heures de randonnée à photographier de-ci de-là (je suis photographe de métier), c’est affamé que je fus accueilli par son fameux « Aarrgg, qualqu’un aqui ? ». Du tac au tac, sans me démonter, je lui ai répondu en souriant avec un « Hey, qu’es aquo ? » (Hé, qu’est-ce que c’est ?) Après un léger temps d’arrêt, un peu surprise, elle a éclaté d’un rire cristallin en me prenant dans ses bras « Bòn pitchou » (Bon petit). Depuis, je viens régulièrement dans la place pour la saluer et l’entendre me raconter mon "païs" dans la tradition orale.

La Mèm vivait ici avec son fils Cristol, un solide gaillard charpenté comme une armoire à glace – une grande, une immense armoire de presque deux mètres – un célibataire ayant la cinquantaine, légèrement bedonnant et bon vivant. Et des mains... des pelles larges aux doigts tellement épais et longs que des seins de 95D auraient pu paraître minuscules s’il les avait empaumés.

Impressionnante, la bête à côté de moi et mon 1,82 m !

Sa mère lui avait appris la cuisine au chaudron sur le feu de la cheminée, et il excellait dans la tradition culinaire. En un mot comme en deux, en bon épicurien, l’empereur Caligula n’avait qu’à bien se tenir...

« Il y a beaucoup de points communs entre la cuisine et le sexe. On consomme une union, on dévore des yeux, on a faim de l’autre. ...