L'histoire se répète - Histoires de Sexe

L'histoire se répète

... aura un peu de temps. Ici, au rez-de-chaussée de ma maison, il y a juste une chambre occupée par Fortunée, la cuisinière. Or il y en a trois autres.
— Pour Joseph et les jumelles, non ?
— Non. Il se trouve que Joseph et les jumelles occupent l’ancienne chambre de Robert de Longueville. Ne me demandez pas pourquoi, il semble que ce soit historique, les jumelles avec Monsieur et Joseph avec Madame, pour être bref.
— Ah je vois.
— Bon, moi ça ne me dérange pas du moment que tout le monde fasse son travail. Donc, dans ces chambres libres, vous pourriez vous installer un logement confortable, avec plus d’espace et moins de soucis.
— Mais qui surveillera les esclaves ?
— Personne, ils se surveilleront eux-mêmes. Mieux que cela, nous leur fournirons de quoi aménager leur bâtiment comme bon leur semble : c’est facile, c’est du bois et des clous. Que les couples aient une chambre commune et les autres, comme ils le souhaitent : soit un dortoir, soit des chambres individuelles. Et ce sont eux qui auront la clé de leurs pièces personnelles pour préserver leur intimité.
— Madame ! C’est une révolution ! Je…
— Pensez-y, Martin. Est-ce que jusque-là, tout ce que je vous ai demandé n’a-t-il pas fonctionné ?
— Si mais…
— Et je vais vous faire dresser les cheveux sur la tête, mais tant que nous y sommes… Je ne voudrais plus parler, ou entendre parler, de mes « esclaves » , mais de mes « employés ». La différence c’est qu’un esclave reçoit des coups de fouet et un employé reçoit un ...

... salaire. Si mon associé, le capitaine, en est d’accord, je voudrais donc payer mes employés, peu certes, mais un peu. Disons une ou deux pièces d’or après chaque récolte, nous n’en mourrons pas. Et ce salaire sera mentionné dans le livre de compte, il fera partie des dépenses.
— Mais, mais, mais… Qu’en feront-ils ? Ils n’ont pas le droit de sortir, ne seront pas acceptés au magasin… C’est ridicule !
— Du calme, Martin. J’y ai pensé, bien sûr. Avec cela, ils pourront acheter ce qu’ils veulent pour aménager leurs chambres, ou acheter des vêtements. Et puisqu’ils ne peuvent pas aller au magasin, c’est le magasin qui viendra à eux. Nous ferons les colporteurs. Nous prendrons leurs commandes et nous achèterons pour eux.
— Pardon de vous le dire, mais c’est de la pure folie…
— Pardon de vous le dire aussi, mais c’est pure folie que de maltraiter des êtres humains sous prétexte que leur peau est noire, qu’ils ne parlent pas la même langue que nous et que leur pays est moins favorisé que le nôtre. Je suis intimement persuadée que cette situation ne pourra pas durer éternellement. À force d’arriver par plein bateaux dans des conditions déplorables, lorsqu’ils seront plus nombreux que nous, et c’est déjà le cas dans les plantations, ils se révolteront. J’en suis certaine. Martin, réfléchissez un peu. Nous venons du pays de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.
— Certes, mais sont-ils vraiment des hommes ?
— ...