1. Les dieux sont tombés sur l'athlète


    Datte: 23/04/2023, Catégories: fh, sauna, hotel, délire, Humour aventure, fantastiqu, Auteur: Amarcord, Source: Revebebe

    ... de la ferme.
    
    Elle se leva, tendit l’oreille, et se rapprocha peu à peu de la porte. Sans même regarder dans l’œilleton, elle l’ouvrit.
    
    Et elle le trouva, au moment précis où il achevait sa prière.
    
    — Délivre-moi du mal.
    
    Elle sourit en le voyant grelotter, et l’attira dans ses bras, passa tendrement les mains dans ses cheveux, écarta la mèche sombre qui occultait son regard. Et elle lui murmura ces paroles énigmatiques.
    
    — Mwen vle fè lanmou avèk ou.
    
    Je sais qu’il est de bon ton pour un auteur en pareil cas de traduire. Que ça va faire râler dans les chaumières. Mais cette fois, je m’y refuse.
    
    D’abord, ça les regarde.
    
    Ensuite, ça ne paraît pas si compliqué. Ce garçon qui ne vient pas de chez nous semble avoir compris l’idée générale, à défaut de maîtriser parfaitement le lexique et la syntaxe.
    
    À l’évidence, ce qu’elle lui dit, c’est pas« T’as pensé à aller chercher des sacs-poubelle, comme je te l’avais demandé ? »
    
    Et puis enfin, pourquoi toujours vouloir ajouter des sous-titres à ce qui nous dépasse ?
    
    Il grelottait toujours, écrivais-je, il grelottait davantage, même.
    
    Alors ils s’approchèrent de la cheminée, et il fit ce qu’il savait faire de mieux, juste avant de découvrir qu’il y avait bien mieux à faire encore.
    
    Les flammes s’élevèrent, les étincelles crépitèrent dans leurs yeux. Et le feu, ils l’alimentèrent bientôt ensemble. Ce qu’ils n’avaient fait qu’effleurer, ils l’accomplirent cette fois sans crainte, traversant le bien et le ...
    ... mal. Des étreintes intenses et sauvages qui laissèrent l’homme aussi épuisé qu’après un exorcisme. Une cérémonie tellement sensuelle et muette qu’elle en fut presque mystique, effaçant de sa mémoire polluée tous les souvenirs toxiques. Il n’était plus qu’avec elle, contre elle, en elle, y compris en rêve. Blotti contre ses côtes-sous-le-vent, comme elle le disait. Là où toutes ses douleurs avaient fait naufrage.
    
    Alors, allongée contre le corps de son bel amant endormi, elle laissa courir ses pensées. Elles couraient dans les stades et dans les nuages, elles couraient nues et innocentes au bord de lagons sucrés-salés, ivres de l’instant présent et de Ti’ Punch, elles couraient en se moquant des drapeaux, de l’or, de l’argent et du bronze, de l’éternité aussi, elles couraient libres comme le glissement de la plume sur la page d’un livre qu’on ne referme jamais.
    
    Ou presque.
    
    ~~∞∆∞~~
    
    Le Bouddha souleva une paupière, et s’aperçut qu’il était désormais seul dans la céleste boutique. Il constata surtout que ça caillait ferme, et qu’il se gelait sél’ieusement les bul’nes.
    
    Alors il jugea le moment venu, et lévita jusqu’à l’ascenseur divin.
    
    Une intuition lui fit choisir l’étage 224, qui le déposa en souplesse au rez-de-chaussée d’un anonyme bâtiment administratif un peu décrépit de Phnom-Penh. Avant de s’éloigner, il bascula plusieurs interrupteurs de l’engin, tourna une clef, et après l’avoir extraite de son logement, la propulsa adroitement dans une poubelle distante ...