1. Les dieux sont tombés sur l'athlète


    Datte: 23/04/2023, Catégories: fh, sauna, hotel, délire, Humour aventure, fantastiqu, Auteur: Amarcord, Source: Revebebe

    ... de commencer l’interview par l’inévitable apostrophe.
    
    — Olympe Zenati, avouez-le, ce prénom, il était prédestiné !
    
    Alors, poliment, en dépit de l’agacement croissant que suscitait la paresse de ses interlocuteurs des media, elle répondait en souriant, et en s’abstenant à tout prix de préciser que ses parents avaient bien failli préférer « Victoire », sans non plus y attacher une quelconque préméditation sportive pour leur enfant à naître. Elle gardait le sourire sur TF1, France 2, M6, Canal+ et La Première, la chaîne d’outre-mer. Elle souriait sur France Inter, Europe 1, RTL ou NRJ. Elle souriait dans les émissions sportives, les journaux télévisés, les émissions culturelles, les programmes de variété, les émissions débiles, aussi, et Dieu sait qu’il y en a.
    
    Elle souriait chaque fois qu’on lui posait cette éternelle question, sous ses formes à peine variées.
    
    — Olympe Zenati, c’est tout de même étonnant, ce prénom. Étiez-vous prédestinée, ou est-ce lui qui vous a servi de défi ?
    
    Et par conséquent, elle opposait toujours la même réponse, résolument pragmatique.
    
    — Étonnant, mon prénom ? Pas tant que ça. Chez nous, aux Antilles, il est bien plus fréquent qu’en métropole.
    
    Chez nous ? Une part de son cœur était bel et bien enracinée aux Antilles, c’est vrai. Même si elle n’y avait longtemps séjourné en vacances qu’une année sur deux, chaque fois que ses parents avaient réussi à économiser assez que pour asseoir toute la famille dans ce Boeing 747 un peu ...
    ... fatigué de chez Corsair. Elle y retrouvait alors avec bonheur sa grand-mère, une lumière plus crue, des parfums puissants, des envies gourmandes. L’Algérie, c’était différent. Son père l’avait fuie au début des années de plomb, sous la terreur des islamistes du GIA. S’ils s’y étaient depuis lors rendus en visite en famille, et avaient été émerveillés par les paysages du Djurdjura et l’accueil reçu, elle vit dans les yeux de ce père si tendre que l’insouciance ne serait, elle, jamais de retour.
    
    Était-elle fière ? Oui, bien sûr. Fière d’avoir remporté ces médailles. De s’être accrochée pendant quinze ans à ces séances d’entraînement toujours plus intenses. D’avoir surmonté quelques déceptions et blessures. D’avoir traversé ces coups de blues, les samedis où il faut se lever de bonne heure, et rejoindre à seize ans une obscure compétition à Montceau-les-Mines, quand les copines et les copains zoneraient à Paris en volant leurs premiers baisers. Fière de son pays, de l’avoir représenté dignement. Fière de ses parents, fière de leur fierté, à eux.
    
    Mais prétentieuse, surtout pas.« A pa davwa ou sizé si chèz, pyé a-w pa ka trenné atè » lui avait un jour dit sa grand-mère, qui s’efforçait de lui apprendre des proverbes créoles : c’est pas parce que t’es assise sur une chaise que tes pieds traînent pas sur le sol. Autant dire que l’Olympe-mania qui avait envahi la France et bien au-delà, commençait à la gêner sérieusement. Tous voulaient l’inviter à leurs fêtes et à leurs dîners, la ...
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