Mariage ducal - Histoires de Sexe

Mariage ducal

Je suis en train de chevaucher à côté de mon père dans nos domaines. Notre duché n’est pas bien grand, mais c’est le nôtre, même si nos terres n’ont pas une grande valeur, ce qui nous sauve des appétits voraces de nos divers voisins italiens, proches ou lointains, surtout du Royaume de Naples qui étend lentement mais sûrement vers le nord.

En parlant du nord, ou plutôt du nord-nord-est, les Français s’agitent de plus en plus, cherchant visiblement l’aventure en contrée italienne. De plus, avoir deux papes conjointement ne facilite pas les choses militaires et spirituelles. Mais durant ce temps, les yeux se détournent de nos terres, ce qui n’est pas un mal.

Étant le second fils, le cadet, ce n’est pas à moi que reviendront ces terres, mais entre-temps, j’aide à les administrer, mon aîné étant plus doué pour les joies de l’épée que celles des comptes. C’est à ce propos que mon père m’apostrophe :

— Lorenzo, je ne sais pas comment tu as pu faire, mais depuis que tu t’occupes de la gestion de nos biens, l’argent rentre !
— C’est juste une question de gestion, Père, de savoir lister les entrées et les sorties.
— Sans doute, mais moi et les nombres… Je ne suis doué que pour dépenser !

Mon père part dans un grand éclat de rire. Puis il se reprend, plus sérieux :

— Néanmoins, je sais me modérer, ce qui n’est pas le cas de mon aîné… J’espère que tu veilleras au grain quand je ne serai plus de ce monde ! Il est de bon ton de se montrer généreux, mais pas au point de ...

... jeter l’argent par les fenêtres !
— Vous avez encore largement du temps devant vous pour songer à ce genre de choses, Père.
— Nul n’est à l’abri de rencontrer plus tôt que prévu notre Créateur.

Puis il change instantanément de ton et de sujet :

— Au fait, Lorenzo, que penses-tu de Donatella, la fille cadette de notre cher voisin et ami, Messer Salvestro ?
— Je plains sincèrement celui qui sera son époux !
— Ah bon ? Et pourquoi cette affirmation si catégorique, mon fils ?
— Je reconnais que la donzelle est fort belle pour l’avoir entrevue, il y a trois mois, et aussi par ouï-dire. Je sais aussi qu’elle en a conscience, et qu’elle se croit sortie de la cuisse de Jupiter. Peut-être que l’héritier du Royaume de France ou celui du Saint Empire sont assez honorables pour elle…

Mon père se remet à rire :

— Hahaha ! Tu n’as pas tort ! Mais la donzelle n’aura pas trop le choix de son époux.
— C’est-à-dire, Père ?
— Figure-toi que son père lui a trouvé un époux.
— Diable, je plains le malheureux ! Il devra faire face à un dragon, sans parler de tous les autres soupirants de la donzelle qui se ligueront sans doute contre lui !

Mon père ignore délibérément ma réponse, et poursuit :

— Un cadet pour une cadette, c’est logique, ne trouves-tu pas ?
— Un cadet, de surcroît, Grand Dieu du Ciel ! Même pas un héritier ? Elle doit en avoir la bile bien jaune !

C’est alors qu’un mauvais pressentiment s’empare de moi :

— Au fait, Père, vous avez dit : un cadet pour ...