Mariage ducal - Histoires de Sexe

Mariage ducal

... pas assez bien pour vous, moi simple cadet bibliothécaire. Et que vous méritez au moins un héritier ducal ou un prince. Sans parler de votre cour de soupirants qui vous soutiennent et contre lesquels je suis bien impuissant…
— Ah oui, je les avais oubliés, ces galants ! Merci pour cette remembrance et cet argument de plus. Je vais de ce pas dire deux mots à mon cher père !

Puis sans attendre une réponse de ma part, elle s’éloigne à grands pas. Tant pis si je passe pour un simplet à ses yeux, du moment que je n’épouse pas cette harpie de Donatella. Si j’étais resté moi-même, je ne crois pas que j’aurais su la dégoûter de moi.

Bon, il ne me reste plus qu’à attendre que l’orage éclate, puis de revenir dans la danse à pas feutrés.

Il faudrait être sourd pour ne pas entendre les éclats de voix qui résonnent entre la fille et le père. Et je ne suis pas certain que le père gagne, car Donatella est déchaînée. Je crois comprendre au passage qu’elle n’a pas une haute opinion de ma personne. Mais c’est un faible prix à payer.

Autour de moi, tout le monde s’agite, telles des fourmis dont on a éventré le logis. Gardant un visage flegmatique, je me réjouis intérieurement de la situation. Après avoir attendu que le cyclone soit passé, je sens qu’il est temps d’aller faire causette avec mon éventuel beau-père. Je le trouve facilement, alors je lance d’un air faussement navré :

— Ah Messer, quel grand malheur, ma fiancée ne me trouve pas assez bien pour elle. Il est vrai ...

... que je ne suis qu’un simple cadet comptable, pas même un guerrier, alors qu’elle pourrait prétendre à un vrai héritier d’une noble lignée…
— Ma fille fera ce que je lui dis de faire !
— Excusez-moi de vous contredire, mais je crains qu’elle ne soit pas très docile… Et ses nombreux soupirants l’approuveront.

Son père me regarde, l’air navré :

— Je sais bien… ces maudits puceaux ont forgé une alliance sacrée…
— Oui, j’en suis informé, et je ne tiens pas à me faire occire par un de ces jaloux, surtout si mon épouse n’est pas d’accord pour le mariage…
— Il faut bien que nos deux maisons s’unissent !

Nous y voilà, il ne me reste plus qu’à bien mener ma barque :

— Cher éventuel futur beau-père, puis-je vous proposer un marché ?
— Je t’écoute, Lorenzo…
— Vous avez trois filles, l’aînée est mariée, la cadette ne veut pas de moi, il reste donc la benjamine.

La réponse fuse, sèche :

— Elle est au couvent.

Je fais un petit geste désinvolte :

— Elle peut en sortir, d’autant qu’elle n’a pas prononcé ses vœux… Oui, j’avoue, je me suis renseigné sur le cas de votre fille.
— Donc tu sais aussi pourquoi elle est enfermée là-bas…
— Oui, je sais, et ça ne me dérange pas. Comme elle a déjà pu enfanter, c’est la preuve qu’elle se relèvera sans doute de ses futures couches.
— Tu n’as pas tort… mais qui voudrait d’une fille qui a déshonoré ainsi le nom de sa famille ?
— Qui est réellement au courant ? Pas beaucoup de monde en réalité… Vous avez réussi à répandre la ...