1. Le randonneur


    Datte: 09/04/2023, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Philus, Source: Hds

    ... redevenant soudainement sérieux :
    
    — Comme vous n’étiez pas là, nous avons donné votre chambre à quelqu’un d’autre et l’hôtel est complet, nous n’avons que cinq chambres.
    
    Pietro fut atterré.
    
    — Mais qu’est-ce que je vais faire ?
    
    — Je ne sais pas quoi vous dire...
    
    — Il n’y a pas de gîte d’étape ? De chambres d’hôtes ?
    
    L’homme secoua la tête négativement. Cela lui permettait de ne pas avoir à prononcer le mot « non » qu’il redoutait lui-même en réponse à la question posée.
    
    Après avoir vainement tenté d’obtenir un lit voire une simple couchette dans une pièce commune, même sans douche ni lavabo, il sortit brusquement en claquant la porte de colère non sans avoir jeté l’anathème sur l’hôtelier qu’il jugeait totalement incapable. Les clients du bar le regardèrent partir, indifférents à son sort, et retournèrent à leur conversation. Pietro fut de nouveau saisi par le froid ; l’effort ne le soutenant plus, il grelotta. Lâchant son sac sur un banc, il s’assit à côté et se mit à réfléchir. Il ne possédait qu’un léger duvet, pas de tente. Il voulait marcher en étant modérément chargé.
    
    — Je vais trouver un coin à l’abri du vent et tant pis pour la nuit à la belle étoile. Bah ! Stevenson l’a fait plus d’une fois dans les Cévennes. Il ne devait pas faire plus chaud, se dit-il.
    
    Avant de chercher l’endroit idéal, il observa la vitrine de la boulangerie. Il était presque vingt heures et la boutique était toujours ouverte. La boulangère servait une très belle femme ...
    ... de trente à trente-cinq ans, mais ne manifestait guère d’amabilité avec elle.
    
    — Dernier essai, se dit-il en se dirigeant vers le commerce, abandonnant un instant son bagage sur le banc.
    
    — Bonjour Mesdames ! fit Pietro faussement jovial en faisant tinter la sonnette de la porte d’entrée dont il retint la poignée pour laisser sortir la jolie femme. Relâchant la porte, celle-ci se referma, mais en restant toutefois faiblement entrebâillée. Un souffle de vent frais s’invita.
    
    Le randonneur expliqua sa situation à la commerçante qui le regarda immédiatement d’un air interrogateur et méfiant. Il devinait la question/réponse qui lui brûlait les lèvres : « Que voulez-vous que j’y fasse ? », Pietro le lut dans ses yeux. Non, elle ne connaissait personne qui puisse l’héberger pour cette nuit, surtout pas elle. Comme solution, elle lui suggérait l’hôtel de Valardin à quinze kilomètres par la route, indifférente au fait que Pietro était dépourvu de moyen de locomotion. Puis la femme s’arrêta de parler en ayant un geste et un regard d’impuissance. Il n’alla pas plus loin dans la discussion, il voyait bien que c’était perdu d’avance. Après un bref et tout juste poli « Au revoir », il ressortit de la boutique immédiatement suivi de la boulangère qui s’empressa de descendre les volets de fer de la vitrine.
    
    Pietro, seul au milieu de la placette, remit son sac sur le dos et partit au hasard vers un bosquet qui lui parut situé dans un square. Il était décidé à y élire domicile pour la ...
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