1. Le cantique du chien


    Datte: 29/03/2023, Catégories: nonéro, théatre, conte, Humour Auteur: Brodsky, Source: Revebebe

    ... un vieux gobelet) : Ah, le voilà…
    
    MdP : Qu’as-tu trouvé, Diogène ?
    
    Diogène (montrant le gobelet) : Ça !
    
    MdP : C’est un gobelet.
    
    Diogène : C’est la preuve de mon indignité plutôt.
    
    MdP : Que veux-tu dire ?
    
    Diogène : Je veux dire que cet enfant, que tu viens de voir, vient de me donner une grande et belle leçon. Pourquoi donc me suis-je encombré d’un gobelet durant tout ce temps, alors que le creux de mes mains suffisait amplement ? Allez hop !(Il jette le gobelet.)
    
    MdP : N’est-ce pas un peu radical ?
    
    Diogène : Tout ce qui n’est pas nécessaire est aliénation. Les hommes se laissent enchaîner par tant de choses inutiles que chaque fois que j’en découvre une, je lui fais subir le même sort.
    
    Les mêmes, Jupiter
    
    MdP : Diogène, ôte donc ton chapeau, car le voici.(Annonce solennelle :) Son Excellence Jupiter, Président de la République du Boukiztan, Maître des horloges et du temps qu’il fait, Grand Ordonnateur de nos Lois sacrées, Divin Thaumaturge et Guérisseur des écrouelles !
    
    Jupiter : Salut à toi, Diogène le Cynique.
    
    (MdP fait signe à Diogène d’ôter son chapeau. Diogène ne comprend pas.)
    
    Jupiter : Mon Ministre te fait signe d’ôter ton chapeau.
    
    Diogène : Ton Ministre est bien gentil, mais il n’est pas très éveillé. Comme disait ma grand-mère : enseigner la Sagesse, c’est faire la guerre aux sots, alors tu me permettras de garder mon casque.
    
    Jupiter : N’aie crainte, je ne viens pas pour que tu m’enseignes, et je te remercie de me ...
    ... recevoir. Si je peux faire quelque chose pour toi d’ailleurs, dis-le-moi, car je vois que tes conditions de vie sont d’une terrible précarité.
    
    Diogène : Eh ben… ôte-toi donc du soleil de mes salades, elles en ont plus besoin que toi.
    
    MdP : Votre Grandeur, allez vous supporter que ce va-nu-pieds continue de vous parler ainsi ?
    
    Jupiter : On m’avait prévenu que tu avais le plus grand mépris pour les conventions sociales, Diogène, aussi ne suis-je pas surpris, ni même choqué par tes paroles. Mais dis-moi, penses-tu que si chacun se comportait ainsi, le monde pourrait vivre en paix ?
    
    Diogène : Mais je m’en fous, ça n’est pas mon affaire ! Si la vérité te choque, tant pis pour toi. Tu te prétends philosophe, dit-on, sais-tu au moins qu’un philosophe qui ne choque personne n’est pas un philosophe ?
    
    Jupiter : C’est ce que tu enseignes, mais Platon lui, affirme que toute société doit être ordonnée. Or toi, Diogène, tu passes ton temps à semer le désordre. Tu as craché à la figure de Socrate, tu t’es masturbé en public, tu as pissé sur des citoyens honorables, tu prétends qu’il n’est pas monstrueux de manger de la chair humaine, et tu voudrais qu’on te prenne pour exemple. Ton vice, ta crasse, tes manières… tout en toi répugne, et tu prétends enseigner la sagesse, diriger les consciences. Allons, je me demande ce qui me retient de te faire jeter dans un cachot pour trouble à l’ordre public.
    
    Diogène : Tu peux le faire… Mais je serai toujours plus libre entre les murs d’une ...
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