1. Le cantique du chien


    Datte: 29/03/2023, Catégories: nonéro, théatre, conte, Humour Auteur: Brodsky, Source: Revebebe

    ... Boukiztan tout entier… c’est pas rien. Ainsi, tout le monde pourra constater que personne n’est capable de proposer autre chose que le système dans lequel nous vivons. D’ailleurs, je l’ai envoyé chercher.(À MdP) À quelle heure doit-il arriver ?
    
    MdP : Euh… On a eu un léger problème, Votre Grandeur.
    
    Jupiter : Lequel ?
    
    MdP : Il refuse de venir.
    
    Jupiter : Il refuse la confrontation, dis-tu ?
    
    MdP : Non, il refuse de venir. Il a dit très exactement ceci : « Si ton maître veut me voir, qu’il vienne me voir. Moi, je n’ai aucun besoin de lui, pourquoi donc devrais-je abandonner mon jardin ? »
    
    Jupiter : Lui as-tu dit qui j’étais ?
    
    MdP : Oui. Il a répondu qu’il ne craignait pas tes foudres, car, a-t-il ajouté : « le seul dieu auquel je crois, c’est celui qui n’existe pas ».
    
    Jupiter : Soit… Eh bien, retourne là-bas et préviens-le que j’arrive.
    
    Diogène – Le Ministre de la Propagande
    
    Diogène, un chapeau de paille sur la tête, s’occupe de son jardin. Il a un arrosoir avec lui, sa besace, différents outils de jardin ainsi qu’une lanterne.
    
    MdP : Ô Diogène le Cynique, puis-je te poser une question ?
    
    Diogène : Tu viens de le faire. Et surtout, tu viens de poser une question inutile. Alors, si celle qui suit est du même tonneau, peut-être vaut-il mieux que tu restes muet.
    
    MdP : Je souhaitais savoir pourquoi tu faisais profession de cynisme.
    
    Diogène : C’est bien ce que je disais, tu aurais mieux fait de rester muet.
    
    MdP : Mais enfin, ne t’appelle-t-on ...
    ... pas « le Cynique » ?
    
    Diogène : Diogène le Cynique, en effet, que tu peux traduire par Diogène le chien.
    
    MdP : Soit. Mais tu ne réponds pas à ma question… Pourquoi prendre le chien comme modèle ?
    
    Diogène : Parce que comme eux je fais la fête à celui qui me donne, j’aboie sur celui qui m’ennuie et je mords celui qui cherche à me faire du mal.
    
    MdP : C’est un peu sommaire comme mode de vie.
    
    Diogène : Et alors ? Ce qui est nécessaire coûte peu de choses, ce qui fait de moi quelqu’un de riche.
    
    MdP : Certes, mais en te contentant du nécessaire, tu perds en humanité. Car c’est le propre de l’homme que d’être capable de futilité.
    
    Diogène : Le propre de l’homme dis-tu ? Attends un peu que je voie ça…(Il s’approche du ministre, tourne autour de lui, fait la grimace et repart chercher sa lanterne, même manège.)
    
    MdP : Que fais-tu ?
    
    Diogène : Je cherche l’homme… Mais non, désolé, ce ne sera pas encore pour cette fois.
    
    (Entre un enfant qui se plante devant Diogène avant de parler.)
    
    Diogène : Qu’est-ce que tu veux, toi ?
    
    Enfant : J’ai soif, Diogène. Puis-je te prendre un peu d’eau ?
    
    Diogène : L’eau de l’arrosoir est propre, tu peux te servir.
    
    (L’enfant prend un peu d’eau dans le creux de ses mains et boit devant les deux autres.)
    
    Diogène : Dis-moi, petit(e), tu n’as pas de gobelet ?
    
    Enfant : Pourquoi faire, j’ai le creux de mes mains. Merci Diogène…
    
    (L’enfant repart.)
    
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    Diogène (farfouille dans son sac en grommelant et en sort ...
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