1. Caroline, mon pilote préféré


    Datte: 16/03/2023, Catégories: fh, hplusag, Collègues / Travail hotel, voyage, avion, amour, amourdura, Auteur: Pierre Charmand, Source: Revebebe

    ... stage pour devenir commandant de bord. Ça voulait dire plusieurs mois au sol et au simulateur de vol puis commencer ses nouvelles fonctions sur « moyen-courrier ». Elle voulait refuser pour rester ensemble, elle était prête à sacrifier sa carrière pour moi. Elle ne m’avait jamais parlé d’amour, nos regards et nos gestes nous suffisaient, mais cette proposition était plus qu’un aveu. Dans sa chambre de l’hôtel à Quito, après avoir fait l’amour avec une infinie tendresse, elle était blottie dans mes bras, je l’ai embrassée et lui ai dit « je t’aime ». Elle s’est mise à pleurer et m’a dit les mêmes mots. Je lui ai dit que je l’aimais trop pour accepter son sacrifice, lorsqu’on est pilote, le but est de devenir commandant de bord, malgré mon déchirement, il m’était impossible de faire autrement, il lui était impossible de refuser. J’étais marié et j’aimais toujours ma femme et j’avais un enfant à élever, l’aînée volant de ses propres ailes.
    
    Le mois suivant voyait notre dernier vol ensemble, on ne s’est pas quittés. On a passé nos repos à faire l’amour, nous répétant sans cesse qu’on s’aimait. Les jours passaient, notre échéance se rapprochait, on aurait voulu bloquer les pendules, on avait l’impression que ça accélérait. Notre séparation à l’aéroport fut très difficile, on savait que c’était inexorable. C’est moi qui ai provoqué le moment de nos adieux, on ne le disait pas, on parlait de se revoir, mais on n’était pas dupes.
    
    Les premiers jours, on essayait de se téléphoner, ...
    ... on s’envoyait des SMS. Lorsque son stage a commencé, elle était très occupée, moi j’étais en « rotation ». Petit à petit, nos contacts se sont espacés avant de s’arrêter, trois ans plus tard, j’avais dans mon « casier » du travail un faire-part m’annonçant son mariage avec un homme qui n’était pas son concubin de l’époque. J’ai tourné en rond tout le jour de son mariage, j’hésitais à aller la voir de loin, voir si elle semblait heureuse, je me suis abstenu. L’année suivante, elle m’informa de la naissance de sa fille toujours par le même moyen.
    
    Je suis à la retraite depuis dix ans, maintenant elle est commandant de bord sur long-courriers. L’année dernière, nous partions en vacances avec ma femme, c’était elle qui faisait le vol, lorsqu’elle a vu mon nom sur la liste des passagers « compagnie ». Nous avons été surclassés en première, selon la coutume. En croisière, j’ai demandé à aller saluer mes anciens collègues, on s’est trouvé face à face après vingt ans sans se voir. Elle avait vieilli, bien sûr, mais son regard n’avait pas changé, nos sentiments non plus, je venais de rajeunir d’un seul coup. Lorsque j’ai regagné ma place, je ne savais plus où j’étais, mon épouse a cru que je faisais un malaise.
    
    Le premier jour nous étions dans le même hôtel que l’équipage, elle me proposa de venir avec ma femme au pot traditionnel, j’ai dit « oui, peut-être ». Je n’ai pas eu le courage d’y aller, de peur de gâcher nos vacances. Trois amours importants, des amourettes de passages ...