La fiancée des pirates - Histoires de Sexe

La fiancée des pirates

... debout et le souffle coupé qu’il la voit à présent s’engager progressivement dans la pente de la piscine. L’eau n’est probablement pas si froide, mais la différence de température rend pourtant l’expérience très sensible. À tout petit pas, elle laisse l’eau fraîche envelopper ses cuisses. Une crispation la saisit en anticipant son contact vif avec l’entrejambe. Elle soulève les bras, pliés à l’équerre, son ventre se creuse, elle ne peut retenir un minuscule cri de surprise et d’émoi, et lui ne peut empêcher sa mémoire de vagabonder aussitôt avec nostalgie vers l’émotion pure de ce moment où il se sentit franchir le seuil de sa douceur. Elle se jette à l’eau – Clara est toujours la première à le faire – et trace de son corps fuselé quelques longueurs gracieuses. Quand elle plonge et bascule pour se retourner à l’extrémité la plus profonde du bassin, il s’émerveille de voir se dresser ce petit cul qui n’a rien perdu de sa juvénilité.

Enfin elle s’agrippe à l’échelle, se hisse sur les marches, et il n’est pas au bout de son trouble. La voilà qui s’approche, sublime et souriante, il voit darder sous le tissu les pointes fermes de ses tétons éveillés par la fraîcheur du bain. Moi aussi, je peux vous clouer le bec, avait-elle annoncé. Et le voilà à nouveau sans voix.

— Tu ne veux pas te baigner ?

Il la regarde, un peu perdu, avec un sourire navré.

— Écoute, c’est pas l’envie qui manque. J’ai vraiment pas l’air d’un con, je crois bien que Tom est en train de rigoler ...

... comme un bossu. J’ai même pas pensé à prendre un maillot, alors que tu me l’avais suggéré.

Il éprouve aussitôt le remords d’avoir convoqué devant elle la mémoire de l’absent. Mais elle se met à rire de si bon cœur qu’il se sent rassuré, et tout aussi idiot.

— Tu crois vraiment que c’est un tel problème ? Camille est à l’école. Tu peux nager et bronzer à poil tant que tu voudras, personne ne te verra. À part moi, mais bon, on ne va pas non plus faire semblant qu’on ne se connaît pas, avoir des pudeurs tardives. Je ne vais pas crier au satyre…
— Je ne suis pas certain que ce fût une bonne idée de venir, Clara.

Son rire s’est éteint, elle le regarde avec un mélange de douceur et d’agacement.

— C’est un peu tard pour y penser, non ? Et puis tu n’es pas venu sans raison.
— La formation…
— Je sais tout comme toi que c’était un prétexte. Il n’y a jamais eu de formation ni de qualification à passer. Je me trompe ?

Il confirme de la tête. Et se décide à parler.

— Il doit y avoir environ dix ans, Thomas m’a offert un cadeau pour mon anniversaire. Tu avais terminé tes études, vous viviez déjà ensemble, Camille n’était pas encore née, Luca était tout petit. C’était un disque de jazz, un 33 tours vintage, une édition originale très rare. La pochette était magnifique, je l’ai remercié, sans oser lui dire que je n’avais pas de platine pour l’écouter. Mon frère m’en a offert une cette année, pour mes trente-huit ans. Je n’ai pas fait le rapprochement aussitôt, mais en ...