Rosa et Mathilde - Histoires de Sexe

Rosa et Mathilde

... sous le pot bleu ciel. Elle est au travail.
— Je sais, je vous remercie.

Mathilde découvre un petit terrain avec trois caravanes, entouré à la fois d’arbre et de carcasses de voitures. La vue sur le fleuve est magnifique et l’endroit si calme !

Une terrasse en bois est construite sous un arbre, on y trouve une table et quelques chaises dépareillées. Un lave-linge est posé au milieu de la cour sans qu’on sache très bien pourquoi… tout comme un moteur de voiture à découvert, une barque trouée, une fenêtre en PVC, un tas de ferraille, et des pots de fleurs disposés un peu partout… Le terrain vaut le détour, mais pas autant que la caravane de son oncle. Un portrait de Johnny est accroché sur la porte et en bas à gauche, on trouve une sculpture en bronze du 18e que Mathilde vient de reconnaître. Il y a quelques mois, la villa d’un conservateur a été cambriolée. Ce bronze était l’une des pièces disparues. Tout le réseau des spécialistes d’art est à sa recherche, alors qu’elle trône au milieu des nains de jardin à côté du portrait de Johnny ! Ce vol portait les marques similaires à toute une série de cambriolages qui se sont déroulés dans les quartiers huppés de la ville ces dernières années. Rosa en serait-elle à l’origine ? Mathilde est tout excitée à cette idée.

Elle entre dans sa caravane et découvre un univers fantasque et excentrique qui passe complètement inaperçu sur ce terrain. De nombreux portraits, peintures, bijoux et autres gris-gris sont accrochés au mur. ...

... Mathilde inspecte chaque objet, chaque tableau, et explore sa bibliothèque où l’on retrouve un curieux mélange entre pièces de théâtre, romans et diverses documentations techniques. Elle s’allonge sur une des banquettes : une question la taraude, comment peut-elle porter aussi bien le costume d’une employée ordinaire et vivre dans cet univers ? Tout son habitat est fait de bric et de broc. Ici, on glane, on rafistole, on empile, on pose, on démonte. Son oncle en costume souillé semble sorti tout droit d’une autre époque.

Elle se sent dépaysée dans cette caravane pleine de couleurs et de dorures qui semblent déteindre sur elle. Mathilde observe les photos accrochées avec beaucoup d’attention. C’est plus que de la curiosité, c’est une vraie attirance pour cette femme, son univers. Elle ne cherche pas à se venger, sinon elle aurait juste envoyé des flics. Allongée sur une des banquettes, elle s’installe, enlève son imper. À son tour, elle prend possession des lieux et s’assoupit en attendant l’arrivée de Rosa.

Peu de temps après, Rosa entre et, sans surprise, voit la belle Mathilde allongée sur son lit :

— Bien installée ?

Mathilde lui répond avec un large sourire :

— Oui, votre habitat est très confortable et très beau, magnifique.
— Je vous remercie. Faites comme chez vous.
— C’était bien mon intention après tout, répond la juge en lui montrant la carte d’abonnement au Grand Théâtre, puis elle continue : et vous, c’était quoi votre intention ?
— C’était surtout ...