1. De Sophie Durocher: Genèse d'un amour saphique (2)


    Datte: 27/02/2023, Catégories: Lesbienne Auteur: simson3, Source: Xstory

    ... physique à cinq ans? Ça, c’était à la demande de Sophie. À force de voir Sonia et Jasmine agir, mon amie avait profité de notre présence dans ma chambre située à l’étage pour me demander d’expérimenter avec elle ’le goût d’une langue’. Je trouvais le prétexte tout à fait farfelu. En fait, tout cela me rebutait d’avance. Alors j’ai dit ’Non, ça me tente pas!’ Était-ce le ton dont j’avais usé à ce moment ou le simple fait de la frustration reliée à mon refus? Je vis une fois de plus la petite garce faire sa moue, sur le point d’éclater en sanglots. On s’amusait pourtant ferme autour de ma maison de poupée et je savais que les pleurs de Sophie auraient alerté nos parents qui nous auraient aussitôt fait redescendre avec elles. C’est donc un peu à contrecœur que j’adossai ma copine sur le mur. Un jour ou l’autre, on l’aurait fait, de toute façon, comme tous les enfants finissent par le faire. Dès que les bouts de nos langues se furent touchés, Sophie me repoussa violemment en grimaçant de dégoût:
    
    -Ouach, c’est dégueu, Ali! Je vais dire à ma mère de dire à ta mère de bien te brosser les dents. Ne me fais plus jamais ça!
    
    -Mais c’est toi qui voulais...
    
    -Je vais le dire à ma mère... tu pues de la bouche!
    
    Et voilà. Un peu espiègle, un peu braillarde, un brin péteuse et un rien manipulatrice...
    
    Le jour de l’incident relié à la colère de Monsieur Durocher, le père de Sophie, fut toutefois un tournant dans ma vie de petite fille. Comme déjà relaté, nous étions cette ...
    ... fois-là exceptionnellement toutes les quatre au domicile de Sophie et de ses parents quand Jérôme, rentrant subitement du travail, surprit nos deux mères en train de s’embrasser, disons-le franchement, très, très fort. Violence verbale, injures, coups sur la table, je fus personnellement impressionnée et marquée par la scène de jalousie de l’homme de la maison. Mais ce qui m’affecta le plus, ce fut notre départ précipité, chassées par le père de Sophie:
    
    -Viens, Ali, me dit alors Maman. On ramasse tes affaires et on s’en va chez nous. N’oublie rien, nous ne reviendrons peut-être plus ici.
    
    Dur retour à la maison. On avait laissé une Sophie en pleurs et sa mère en proie à une crise. Même Maman pleurait sans retenue, je n’avais jamais vu nos mères dans un tel émoi. Dans ma petite tête d’enfant, j’étais sûre qu’il venait de se passer quelque chose de grave. Nos mamans étaient tellement en douceur entre elles, elles respiraient tellement le bonheur jusqu’à ce que le père de Sophie vienne s’en mêler, usant de son pouvoir masculin pour nous effrayer toutes.
    
    C’est au cours des jours suivants que je réalisai l’ampleur du drame: Sophie et sa maman ne venaient plus chez nous à l’occasion de leurs visites quotidiennes. Plus de communication ni de contact. Je me retrouvai seule avec mes petits jeux, ma poupéeBarbie, ma maison de poupée... Quel ennui!
    
    -Maman, viens jouer avec moi!
    
    -Je ne peux pas, ma jolie, j’ai à faire en bas. Qu’aimerais-tu manger pour souper?
    
    -J’ai pas faim, ...
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