Neige rouge (3) - Histoires de Sexe

Neige rouge (3)

... moindre échange leur prenait un temps incroyablement long. Ils se couchèrent avec des espoirs de nouveaux horizons, des doutes sur leurs chances de réussite et sur l’image d’un visage souriant.

Georg fut réveillé par Yulia, il faisait encore nuit. Mais il fallait éteindre le fumoir avant le jour et avant que le panache de fumée ne soit aperçu par des yeux avertis. Ils éteignirent les braises et sortirent les morceaux de viande. Georg démonta le fumoir et cacha les planches sous la neige. Yulia commença à confectionner de petits paquets. Avec ce qu’elle avait déjà, ils avaient de quoi tenir une dizaine de jours. Elle était contente... Mais en recomptant pour s’assurer qu’elle n’avait pas fait d’erreur, elle se rendit compte que Volodya était passé il y a une semaine. Cette fameuse attaque n’avait pas eu lieu. Il risquait de revenir aujourd’hui ou demain au pire. Georg la vit inquiète alors qu’il n’y avait pas de raison a priori, tout roulait. Il s’agenouilla devant elle :

— Yulia ?

— Georg. Commissaire...

— Mince, aujourd’hui ? Demain ?

Yulia ne savait pas. Elle montra le toit des bains russes et indiqua qu’elle allait surveiller les environs. Georg pointa du doigt l’endroit où ils avaient caché le traineau. Il restait un peu de travail pour finir de l’élargir correctement et il fallait renforcer la barre de poussée. Si jamais, Yulia voyait des soldats arriver, elle sifflerait et Georg devrait se cacher quelque part. Leurs esprits s’échappèrent parfois vers ce ...

... pseudo ennemi qui était maintenant un allié nécessaire à leur fuite. Peut-être plus que ça d’ailleurs, plus qu’un allié de circonstance. Mais ils chassèrent ces idées stupides de leurs pensées. Georg termina un peu plus vite qu’il ne l’avait pensé. Pour lui, ça irait mais Yulia devait donner son assentiment. Et puis, il avait envie de la voir. Même si ça se limitait aux yeux à cause de la cagoule. Mais ils étaient beaux ses yeux, noirs mais brillants, pétillants et joyeux. Ils avaient drôlement changé depuis qu’il était là. Il se souvint qu’il les avait trouvés ternes et éteints la première fois qu’il l’avait vu.

Sur le toit, Yulia s’inquiéta de ne plus l’entendre travailler. Il y avait un problème ? Il s’était blessé ? Yulia se pencha par-dessus le parapet et tenta d’entendre ou de voir quelque chose. Il ne faudrait pas qu’il s’abime les mains. Elles étaient douces et fortes à la fois, comme ses yeux. Quand il avait déboulé dans son antre, ils lui avaient paru d’un gris délavé et éteint. Alors qu’ils étaient d’un beau bleu de glace mais chaud et rassurant. Lorsqu’il arriva sur le toit, elle eut envie de lui sauter au cou. Mais elle s’arrêta juste avant, elle n’osa pas l’enlacer bien qu’elle le désira fortement. Georg la vit venir vers lui, toute sautillante. Il aurait voulu la serrer contre lui mais il ne parvint pas à se lancer en avant.

Georg lui expliqua qu’il avait fini. Ce ne fut pas simple à faire comprendre à Yulia. Surtout qu’ils se perdaient avec délice dans ...