Neige rouge (3) - Histoires de Sexe

Neige rouge (3)

... pour celui d’en face, chacun se cantonnant dans son coin. Yulia profita de la journée pour réfléchir comment préparer toute la viande qu’ils avaient. Il faudrait la fumer et de nuit tant qu’à faire. Sinon, la fumée dégagée risquait d’attirer les regards vers leur position. Après leur repas, elle prit un tison et souffla dessus, une fine fumée blanche s’en échappa. Elle la montra à Georg puis mit ses mains sur sa tête comme d’habitude. Georg comprit qu’elle voulait fumer le renne.

— Demain ? demanda-t-il en s’accompagnant de gestes.

Yulia ne comprit pas et il tenta plusieurs mots, à "soleil", son visage s’éclaira. Elle venait de comprendre mais fit "non" de la tête. Elle répéta un mot qui ressemblait à "nuit". Elle voulait le fumer à l’abri de l’obscurité, elle avait raison. Ils profiteraient de la journée pour construire un fumoir sommaire et dépecer le renne pour lancer le fumage dès la nuit tombée. Georg proposa de se lever très tôt pour entamer la découpe du renne à la lampe à pétrole. Yulia était d’accord avec lui, ils se couchèrent tôt et regrettèrent presque de ne pas sentir l’autre contre soi. Mais comme aucun ne fit de geste en ce sens, ils s’endormirent seuls.

Le lendemain, ils découpèrent de longs et fins morceaux de viande. Ils seraient plus rapidement fumés que des plus gros. Puis ils s’éloignèrent d’une cinquantaine de mètres du sanatorium pour construire leur fumoir, à l’abri des regards dans un petit bosquet. Ils avaient choisi des planches, des ...

... tôles et des portes pour faire quelque chose rapidement. Lorsque le jour se fit assez sombre, ils purent lancer le fumage. Yulia savait le faire avec du poisson, au jugé, elle expliqua à Georg qu’une nuit de fumage devrait suffire. Ils restèrent un peu pour vérifier que le fumoir ne s’enflammait pas et rentrèrent se mettre au chaud. Yulia se débrouilla avec ce qu’elle avait et découpa en petits morceaux le foie du renne. Georg qui était assis derrière elle, travailla à rendre le harnais plus confortable. Elle aurait presque pu se croire dans son foyer à préparer le diner pour Georgi... Ou même pour Georg, pourquoi pas. Celui-ci la vit cuisiner. Personne, à par sa mère, ne l’avait encore fait pour lui.

C’était agréable de la voir faire, surtout qu’elle se parlait ou chantonnait souvent. Sa voix était mélodieuse, chantante, douce. Lorsqu’elle posa la casserole qui lui servait à tout faire, Yulia fut toute heureuse de l’accueil que Georg fit à son plat. Il lui parla de sa voix chaude et grave, elle commençait à s’y habituer, à l’aimer. A plusieurs reprises, leurs mains se touchèrent comme ils se servaient en même temps. Un regard, un sourire échangé leur faisait chaud au cœur. Cela leur rappelait leur étreinte après l’hypothermie de Georg. Mais au-delà de ces brefs contacts, ils n’avaient aucun élan physique l’un vers l’autre. D’un côté, ils le regrettaient mais en même temps il paraissait inenvisageable de construire quelque chose de durable dans cet enfer blanc et rouge. Et le ...