Neige rouge (3) - Histoires de Sexe

Neige rouge (3)

Georg et Yulia s’éveillèrent à nouveau en début d’après-midi. Il faisait plus froid dans la pièce, le poêle était à peine chaud. La jeune femme se leva et remit du bois de chauffage. Georg put admirer la Russe dans toute sa splendeur. Elle était vraiment magnifique. Il se leva à son tour et eut besoin de s’étirer longuement. Yulia l’entendit faire et le regarda du coin de l’œil. Ces quelques jours avec elle lui avait permis de se remplumer quelque peu. Il avait retrouvé de la force et il était beau. Elle avait passé un moment merveilleux avec lui mais elle était mal à l’aise. Elle se sentait comme une traitresse d’une certaine façon. Elle venait de pactiser, et plus que ça, avec un ennemi du peuple. La Russe n’osa se tourner vers lui, elle préféra ramasser ses affaires et faire le point sur ce qui était sec et ce qui était encore humide. Georg avança sa main vers elle mais il se retint. Elle était toujours un ennemi de l’Allemagne. Il avait un peu le sentiment d’avoir trahi ses camarades tombés au combat. Il se détourna et, comme elle, chercha des affaires sèches. Il dut se contenter de son caleçon long, encore légèrement humide, et d’une chemise. Yulia trouva ses sous-vêtements secs ainsi que sa chemise. Le reste était trop mouillé pour être porté.

Georg remit sa paillasse dans son coin et s’y installa. Il avait fait une erreur dramatique qui avait failli lui couter la vie. Seule la présence de Yulia expliquait sa survie. Maintenant, ils avaient tout pour s’enfuir, à ...

... deux, vers la Finlande. Et si jamais ils réussissaient à franchir les lignes, que se passerait-il une fois là-bas ? Ils devraient sans doute se cacher jusqu’à la fin de la guerre. Mais si l’armée finlandaise les trouvait... Yulia pourrait finir prisonnière, ce qui d’après ce qu’il savait des Finlandais, n’était pas forcément une mauvaise chose. Par contre lui, comme ce pays était un allié de circonstance du sien, il risquait d’être renvoyé chez lui et de se retrouver fusillé pour désertion. Mais il était redevable envers elle, s’il devait se sacrifier pour la sauver, il le ferait. Après tout, ils avaient une petite chance de réussir, ce qui était bien plus que tout ce qu’il pouvait espérer jusque-là. Yulia se demanda aussi comment ça se passerait, si jamais ils parvenaient à rejoindre la Finlande.

Ne devraient-ils pas tenter d’aller chez les Samis, en Laponie ? Leur mode de vie était proche de celui des Nenets. Elle pourrait sans doute s’intégrer facilement... Mais ça voulait dire traverser la Finlande du sud au nord. C’était long, trop long, à moins de trouver un abri pour finir l’hiver et repartir l’été. Le problème, c’est qu’elle ne pensait pas pouvoir rester invisible avec Georg autant de temps. Elle imagina se présenter comme prisonnière de Georg aux premiers soldats finlandais qu’ils croiseraient. Elle pouvait bien faire ça pour lui, elle l’avait déjà sauvé, elle n’envisageait pas un instant de le laisser tomber.

Ils restèrent partagés entre des sentiments ambivalents ...