Neige rouge (3) - Histoires de Sexe

Neige rouge (3)

... plein fouet. Ils avaient avancé d’une trentaine de mètres mais des débris atteignirent Yulia dans le dos. Elle hurla de douleur en appelant Georg. Devant, il se retourna pour la voir tomber sur le côté. Il eut peur qu’elle ne soit tuée. Il se précipita vers elle, il respira en voyant qu’elle était sonnée mais vivante. Il la hissa sur le traineau et repartit tant bien que mal. Il passa devant les bouleaux en croix et tourna sur la gauche. Des bruits de tirs nourris l’inquiétèrent. Ils étaient devant et se rapprochaient. En milieu de journée, Georg fit une longue pause, Yulia se sentait mieux aussi. Elle avait très mal au dos mais elle serra les dents et se releva. Georg l’obligea à s’allonger pour l’ausculter un minimum : elle avait une côte ou deux de casser.

Ils repartirent, Yulia devant se contenter de marcher simplement à côté du traineau. De temps en temps, elle poussait quand il fallait grimper mais la douleur était à peine supportable. Ils se réfugièrent au fond d’une petite combe et se camouflèrent au mieux. Au début de la nuit, des troupes allemandes passèrent tout près. Après un échange de tir et une petite heure de combat, elles repassèrent en sens inverse, poursuivies par des soldats russes. Il y eut ainsi plusieurs aller-retour pendant la nuit, avant que les combats ne se fixent plus vers le sud. Ils sortirent de leur cachette sans vraiment savoir derrière quelles lignes ils se trouvaient maintenant. Ils repartirent après avoir avalé quelques morceaux de ...

... renne. Le trajet était difficile mais plat et droit. Ils avancèrent vite, bien qu’il fallut se cacher plusieurs fois pour se mettre à l’abri de troupes en mouvement. La plupart passait au loin sans parler et tout habillé de blanc. Ils ne surent qui passait et cherchait à prendre un avantage.

Ils passèrent une seconde nuit sans feu mais à l’abri du vent et du froid sous leurs couvertures et le drap blanc qui les camouflait. Au matin, ils repartirent sous un soleil radieux, les combats semblaient maintenant vraiment loin au sud. Après une heure, au sommet d’une bute, ils virent le lac Lagoda. Et derrière le lac, la Finlande au loin, très loin encore. Mais l’espoir était là :

— Georg, Finlande ! s’écria Yulia en montrant l’autre rive du lac.

— Finlande, Yulia. Finlande, approuva Georg.

Tout à leur joie, ils se regardèrent tendrement. Ils ôtèrent leurs gants et soulevèrent leurs cagoules pour s’embrasser. Mais un cliquetis de pistolet qu’on arme les fit se retourner vivement. Un soldat tout de blanc vêtu pointait son arme vers eux, à côté de lui sept autres ombres blanches armèrent leurs fusils. Ils étaient à une vingtaine de mètres. Le chef du groupe parla à ses hommes sans que Georg ou Yulia ne comprenne. L’homme leva le bras et les regarda. Ils allaient tirer ! Les deux amants tendirent la main pour attraper celle de l’autre mais le chef baissa son bras et ses hommes tirèrent. Ils fauchèrent la Russe et l’Allemand avant qu’ils ne se touchent. Agonisant, ils tâtonnèrent ...