1. Relation toxique (10)


    Datte: 16/02/2023, Catégories: Lesbienne Auteur: simson3, Source: Xstory

    ... tapissaient de leur fond sonore le solennel silence qui pesait sur la pièce exiguë.
    
    Afin d’assurer une certaine dignité à la procédure, on avait délicatement retiré le collet cervical que portait la rouquine. Les lignes de perfusions intraveineuses avaient disparu, laissant place à des bouchons vissés à l’embout des cathéters laissés en place.
    
    Se trouvant d’un côté du lit et soutenue aux bras de Sonia LeBel, la mère d’Alicia, Jasmine Durocher était présente afin d’adresser un dernier aurevoir à sa fille. Accompagnée quant à elle de Louise-Josée, Alicia se tenait du côté opposé. À la tête du lit étaient postés l’infirmière Catherine et Carl l’inhalothérapeute, ce dernier étant chargé de procéder à la mise à l’arrêt du support ventilatoire de la patiente.
    
    - Quel règlement cruel! se plaignit Jasmine, la mine attristée. Comment aurait-on pu penser un jour en arriver là?
    
    L’étreinte de Sonia se resserra sur celle, approchant la quarantaine, qui était à la fois son amante et sa meilleure amie.
    
    - Mon bébé, ma petite puce! reprit la femme accablée de chagrin en éclatant en sanglots. Pourquoi, pourquoi?
    
    - C’était un trésor de belle-fille, renchérit Sonia. Je ne peux me faire à l’idée, non plus. C’est presque irréel. J’ai l’impression de vivre un cauchemar, un affreux cauchemar…
    
    - Sois forte, Alicia, lui chuchotait tendrement de son côté l’intensiviste tout en accueillant sa tête sur son épaule. Là où elle va, elle sera sûrement mieux. Quant à nous deux, sache que ...
    ... je serai toujours là pour toi.
    
    Huit heures. L’heure avait sonné. Après un bref moment de recueillement, Catherine se résolut à abaisser légèrement le niveau sonore du moniteur de saturation d’oxygène et à en neutraliser toutes les alarmes. Carl se tourna vers le respirateur, mit également hors fonction toutes ses alarmes actives, et en déconnecta le circuit respiratoire du tube endotrachéal de la patiente, après quoi il fit basculer à off l’interrupteur principal de l’appareil.
    
    Les secondes s’écoulèrent silencieusement, uniquement ponctuées des bips sonores témoignant du rythme cardiaque de Sophie. Maintenant privé de son support ventilatoire, le corps frêle de la jeune femme était rendu totalement inerte, alors que l’on entendait la tonalité variable de l’appareil de surveillance décliner l’appauvrissement en oxygène du sang de Sophie et que sur l’écran s’affichaient des chiffres décroissant en valeur :
    
    -Bip, bip, bip,la valeur de la SpO2 s’annonçait à présent à 92%.
    
    -Boup, boup, boup,85%.
    
    -Bop… bop… bop… bop…65%.
    
    Bientôt le cœur allait commencer à souffrir d’une hypoxie sévère, l’entraînant irrémédiablement vers une arythmie fatale.
    
    Tout entière tressaillante de chagrin, Alicia observait la scène, impuissante et abattue. Elle se remémora soudain toute sa vie commune passée en compagnie de celle qu’elle appelait affectueusement sa ‘petite biche’. En un éclair défilèrent ainsi dans sa mémoire leur douce enfance, leur espiègle adolescence, leur déclaration ...
«12...4567»