Solitude - Histoires de Sexe

Solitude

... vraiment physique. Lorsque tu regardes un tableau merveilleux, tu n’as jamais cette impression qu’une sorte d’influx se disperse dans tout ton corps, qui tend tes muscles, déclenche des réactions étranges dans tes organes les plus profonds, brouille ton esprit ? Sans vraiment en être consciente, j’ai été initiée au désir sexuel ce jour-là.
— Est-ce que ce désir est semblable à celui que tu ressens quand nous faisons l’amour ?
— Son intensité, sa nature sont très comparables en effet…
— N’as-tu pas essayé de refouler ce désir homosexuel ? N’as-tu pas pensé qu’il était répréhensible ?
— À aucun moment. D’ailleurs, si tu ne m’en avais pas parlé, ce problème ne m’aurait jamais effleurée. C’est probablement parce qu’il était tellement sincère. Mais pourquoi me poses-tu cette question ? Es-tu opposé à cette relation ? Il ne m’avait pourtant pas semblé que c’était le cas ? Éprouverais-tu du dégoût… ou de la jalousie ?
— Ni l’un, ni l’autre, rassure-toi. Je ne ressens aucune jalousie, parce qu’elle n’est pas du même sexe que moi ; elle ne peut donc à mon avis pas t’apporter la même chose que moi. Aussi, je suis confiant dans l’idée que je n’ai rien à perdre de votre relation. Quant au dégoût, il n’y a aucun risque de ce côté-là. Comme je te l’ai dit, je considère que l’amour physique entre deux femmes est ce qu’il y a de plus érotique. Y assister a toujours été l’un de mes fantasmes les plus tenaces.
— Qu’est-ce qui te plaît tant dans cette scène que tu ne peux pourtant ...

... qu’imaginer ?
— C’est très subjectif… et pas très clair dans mon esprit. Peut-être est-ce dû à l’égalité, à la symétrie des conditions. Et puis surtout, cet acte est artificiel, une création de l’être humain. Il est étranger à la reproduction. Il n’y a pas de semence, juste du plaisir. Aussi, deux femmes ne peuvent échanger que des caresses, des baisers. Le membre viril n’intervient pas pour focaliser l’attention sur le sexe. Le soin porté à exciter les zones érogènes de la peau est beaucoup plus grand. Cet amour est beaucoup moins facile : il fait appel à un savoir, une connaissance de l’autre sans commune mesure. Enfin, je ne sais pas, je m’imagine le contact entre deux poitrines et cela me fait rêver !
— Ne trouves-tu pas quand même que l’acte sexuel est plus généralement un acte artificiel, une création artistique finalement ? Certes, c’est parfaitement clair pour l’union de deux femmes, puisque cela ne correspond à rien de biologique. Mais faire l’amour pour le plaisir n’est pas plus « naturel ». Je me doute que l’évolution a sélectionné les individus qui ressentent du plaisir quand ils procréent, de sorte que leur espèce ait une plus grande propension à se perpétuer. Mais, à ma connaissance, seul l’homme l’a détourné à ce point de son rôle originel, et encore, assez récemment. Pour ma part, il y a une identification parfaite avec l’œuvre artistique. L’acte sexuel n’a d’autre fonction sociale, sauf à des moments bien précis bien sûr, que de procurer une satisfaction, un ...