1. Don Juan féminin (1)


    Datte: 06/02/2023, Catégories: Lesbienne Auteur: Faunus, Source: Xstory

    Installée depuis une quinzaine d’années dans cette petite ville située dans un vallon boisé, Gaëlle était tombée sous le charme de cette cité médiévale. Par jeu, elle en avait remplacé le nom par Rive-Bois. Une appellation certainement rencontrée lors d’une de ses lectures ou bien dans un jeu, mais elle ne s’en souvenait pas. Tout ce qui comptait à ses yeux était sa vie confortable, sans surprise et un peu routinière qui était la sienne. S’éveiller dans sa maison à colombages chaque matin lui donnait beaucoup de plaisir. Elle était satisfaite de sa vie bien réglée, le voisinage n’étant pas trop intrusif elle en appréciait d’autant plus les gens vivants à proximité. Lors de son arrivée, à vingt-huit ans Gaëlle était tombée amoureuse de sa maison parce qu’elle pouvait facilement imaginer les gens y vivant au moyen âge. Et depuis, elle ressentait toujours les mêmes sensations agréables, c’était comme si la bâtisse émettait des ondes positives en sa faveur. Chaque fois qu’elle franchissait cette porte, elle se sentait à l’abri, comme si elle pénétrait dans un cocon chaud et douillet. Elle souriait en se souvenant des tractations longues et difficiles avant qu’elle ne puisse acheter cet endroit. L’ancien propriétaire qui était dur en affaire n’avait finalement cédé que grâce à une intervention inattendue et quasi miraculeuse d’une de ses amies. Oui, Gaëlle fut la première à en être surprise, voir, entendre l’amie du propriétaire intercédant pour elle, il y avait de quoi l’être. ...
    ... Ces souvenirs lui faisaient arborer un large sourire. Aujourd’hui encore, elle se demandait ce qui avait bien pu inciter cette jeune femme à l’aider dans cette transaction. Comme aujourd’hui, elle ne se trouvait ni belle ni moche. D’une constitution plutôt maigrichonne avec de petits seins et relativement grande, elle ne pouvait avoir tapé dans l’œil de la femme ni d’aucun homme non plus. De ça, elle en était certaine parce qu’elle ne l’avait plus jamais croisé. Le nombre de ses conquêtes masculines n’avait pas de quoi défrayer la chronique. Une autre personne se trouvant à sa place aurait ressenti un vide sentimental, mais pas elle. Oui, bien sûr de temps à autre, de manière occasionnelle, éphémère, furtive, Gaëlle avait fait quelques rencontres. Elle ne pouvait même pas les qualifier d’amourettes en raison de cette absence de sentiments. Même en se creusant les méninges, elle n’arrivait pas à se souvenir des noms, des prénoms ou des visages. Elle ne voyait que des ombres indéfinissables qui avaient croisé son chemin. Par conte, elle se souvenait d’échanges assez vigoureux qui lui avaient permis de se situer dans la société. Elle sentait femme, mais pas féministe, l’homme étant un être complémentaire. Il en avait été de même lors de l’apparition de la nouvelle mode massacrant le français en introduisant l’écriture inclusive. Depuis, elle se qualifiait d’écrivain et se refusait à féminiser tout ce qui n’avait pas lieu de l’être. Attitude qui lui avait valu à de nombreuses ...
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